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Critique de berni_29


Hamaguri, c'est une histoire à hauteur d'enfants, qui débute à Tokyo, dans un jardin public. Enfant illégitime, Yukio est très attaché à une petite fille avec laquelle il joue quand elle vient dans ce parc avec son père. La petite fille s'appelle Yukiko. Tiens ! Yukiko, n'est-ce pas ce prénom déjà rencontré lors du premier opus de cette pentalogie intitulée le poids des secrets ? Nous avions alors fait la connaissance de la narratrice, une certaine Namiko, qui nous avait partagé un pan de l'histoire de sa mère, Yukiko, justement la petite fille dont nous faisons connaissance au début de ce récit. Mais cette fois l'histoire nous est raconté du point de vue du petit garçon qui joue avec elle, Yukio.
Les deux enfants ont cinq ans. Ils se ressemblent comme leurs deux prénoms. C'est en jouant avec les coquillages du bac à sable qu'ils se font le serment d'un amour éternel...
Hamaguri, veut dire palourde en japonais. C'est dans le creux des deux coquilles d'une palourde que ces deux enfants ont inscrit un jour en hiragana leurs deux prénoms, scellant à jamais cette promesse.
Nous sommes avant la seconde guerre mondiale. Et la guerre viendra bien assez tôt.
Un jour la mère de Yukio, en qui l'enfant voue un attachement inconditionnel, se marie. Son mari reconnaît l'enfant. Tous les trois quittent Tokyo pour Nagasaki.
Les enfants vont grandir chacun de leurs côtés, ballottés par l'ironie du destin, se perdre de vue. Ils ne savent pas encore qu'ils se retrouveront, sans pour autant se reconnaître.
La guerre survient...
Hamaguri est l'histoire douloureuse d'un secret de famille, celui-là même qui nous avait été confié dans le premier opus, Tsubaki. Qu'importe si on connaît déjà la vérité, il est intéressant ici de se laisser prendre la main par le point de vue différent de ce petit garçon dont le cheminement nous serre le coeur d'une émotion indicible.
Je connaissais le secret et j'aurais voulu prendre cet enfant dans mes bras pour le retenir encore un peu dans le silence de sa candeur, le protéger des malheurs du monde, lui dont l'innocence ressemblait encore à un bac à sable où deux enfants jouent loin de la barbarie, se promettant un amour éternel.
Nagasaki, la guerre viendra comme une déflagration dévastant un pan de l'humanité, recouvrant de ses cendres des histoires d'hommes et de femmes, des histoires d'amour, des histoires meurtries.
J'ai continué de me laisser envoûter par l'écriture sobre, délicate, épurée d'Aki Shimazaki.
Aux abords de la fin du récit, je savais que Yukio apprendrait le secret, finirait par découvrir la vérité qu'il n'avait jamais soupçonnée, j'ai senti alors venir en moi une odeur de pluie et de cendres, le goût fragile d'une vie qui s'enfuit avec ses non-dits, ses regrets, ses chagrins...
C'est une variation douce-amère sur l'implacable cheminement du destin, entre la douceur de l'écriture qui raconte les événements et la cruauté d'un secret qui se révèle au grand jour. La force d'évocation d'Aki Shimazaki tient sans doute pour beaucoup dans l'émotion qui m'a emporté, aussi dévastatrice que les larmes de Yukio tombant sur ses mains et celles de sa mère qu'il étreint à la toute fin du récit.
C'est juste beau et cela me suffit parfois pour aimer la littérature.
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