Payot - Marque Page - Aki Shimazaki - fuki-no-tô
- Grand-mère, pourquoi les Américains ont-ils envoyé deux bombes atomiques sur le Japon ?
- Parce qu'ils n'en avaient que deux à ce moment-là, dit-elle franchement.
Je continuais à coudre pour gagner de l'argent. En fin de semaine, quelqu'un de l'usine venait chez moi chercher les vêtements que j'avais terminés. Un jour, j'ai reçu la visite de Madame Shimamura, que je n'avais pas vu depuis longtemps. Elle n'habitait plus dans le même village que moi. A ma surprise, elle travaillait aussi pour cette usine. Je l'ai invitée à prendre le thé. Elle m'a appris la triste nouvelle à propos de son fils : il avait été capturé à Saïpan par les américains et il était mort là-bas. On ne connaissait pas la vraie cause de sa mort, a-t-elle dit, mais des gens blâmaient sa famille en disant qu'il aurait dû se suicider avant d'être capturé, que sa mort était une honte.
Je lève les yeux.
Couvert de nuages épais, le ciel s'étend à l'infini. Il fait anormalement chaud et humide pour une fin d'été. C'est encore le matin. Pourtant, je sens ma chemise déjà trempée de sueur.
Au-dessus de moi, un couple d'hirondelles passe rapidement. Elles vont et viennent entre le toit d'une maison et un fil électrique. Elles partiront bientôt vers un pays chaud. J'aimerais bien voyager librement comme elles.
Ma mère m'a dit une fois : " Si on pouvait renaître, j'aimerais renaître en oiseau. "
Il se taisait. Je tremblais de froid.
- Tu ne portes qu'un chandail ! cria-t-il.
Il portait un gros manteau de son père. Il l'ouvrit pour que je puisse m'y réchauffer. Bien que son geste m'ait étonnée, je m'appuyai contre sa poitrine. La chaleur courait dans mon corps. Couverte du manteau, je restais immobile. J'entendais le vent souffler doucement dans les feuilles de bambous. La tranquillité et la paix étaient entre nous et autour de nous. Le temps s'arrêtait.
Je voyais les boutons de camélias, bien tenus par les calices. C'étaient les camélias qui fleurissent en hiver. Dans la campagne près de Tokyo, quand il neigeait, je trouvais les fleurs dans le bois de bambous. Le blanc de la neige, le vert des feuilles de bambous et le rouge des camélias.
C'était une beauté sereine et solitaire.
Les femmes sont compliquées, leurs gestes envers les hommes qu'elles aiment sont souvent différents de leurs pensées.
[...] si la vie de célibataire dure trop longtemps, il devient difficile de se marier : plus on est âgé, plus augmentent les exigences envers le partenaire. Si on réfléchit trop, le mariage ne se réalisera jamais.
La différence est simple. La religion, c’est de croire, et la philosophie, c’est de douter.
Ce soir encore, ton oreiller est baigné de larmes.
A qui rêves-tu ? Viens, viens vers moi.
Je m'appelle Azami. Je suis la fleur qui berce la nuit.
Pleure, pleure dans mes bras. L'aube est loin encore ...
(berceuse...)
Le 15 août, après ces deux bombes atomiques, l'empereur Hirohito déclara la défaite du Japon à la radio. Je ne comprenais pas ce qu'il disait : sa voix n'était pas claire. Je croyais qu'il nous ordonnait de faire gyokusai. On se mît à pleurer devant la radio en répétant : " La guerre est finie ! ". Pourtant, ce que je ressentais à ces mots, ce n'était pas le soulagement ni la joie, mais c'était le regret de ne pouvoir nous battre jusqu'à la mort.
Je me demande toujours qui j'étais dans mes vies antérieures et qui je serai dans mes vies futures.
À chaque vie, je ne suis pas la même personne, mais l'âme demeure la même en changeant de corps éternellement.
C'est comme un collier de perles sans fin.......
............... Lorsqu'une perle en croise une autre, - c'est le moment où on rencontre quelqu'un, comme nous -, ce sont les deux âmes qui se croisent.