Depuis que j'ai entamé cette pentalogie, je me suis attachée à Kenji, ce personnage qui semble tellement effacé, et surtout tant souffrir, être si triste et j'attendais avec impatience le tome qui lui était consacré.
Aki Shimazaki parle très bien de cette société aux codes rigides, les nobles qui doivent avoir un héritier sans mésalliance pour que la lignée perdure, la souffrance de la stérilité masculine qui est inenvisageable, c'est forcément la faute de la femme. En gros, on autorise même le mari à avoir des concubines pour avoir un héritier à tout prix.
Kenji subit un mariage arrangé, qui se termine forcément mal vu l'autoritarisme de sa mère : il n'a aucun souvenir heureux de sa mère, c'est Sono, la nounou qui était là pour s'occuper de lui jusqu'à ce qu'elle se fasse remercier (virer serait plus adapté). Il ne la verra qu'en cachette et on sent qu'un lien étroit les unit.
C'est son amour pour Mariko qui va lui donner le courage de couper définitivement les ponts avec sa mère castratrice; elle a régenté le premier mariage mais cette fois-ci, les sentiments sont là et il ne se laisse pas manipuler. La scène décrivant la réaction de la mère lorsque Kenji révèle sa stérilité est d'anthologie…
La façon dont
Aki Shimazaki parle des enfants naturels, de la stérilité et de l'adoption me plaît, de même la manière dont elle décrit les vieux bâtiments qui remontent à l'ère Meiji, où les tombes au cimetière, leurs inscriptions si particulières. Son écriture est belle, simple mais envoûtante et on parcourt ainsi ce Japon mystérieux où l'Histoire et les histoires s'entremêlent, à la découverte des coutumes et du fonctionnement de sa société un peu difficile à imaginer et à comprendre pour les Occidentaux.
J'ai aimé la poésie de la rencontre avec Mariko, il l'aperçoit avec ses myosotis et le charme agit et la sensibilité de Kenji, la manière dont il aborde les autres me touche beaucoup. de plus, l'auteur choisit le myosotis, symbole du souvenir ( « Ne m'oubliez pas dans d'autres langues en japonais « Wasurenagusa », en anglais, « Forget me not », en russe незабудка « Niezabudoka » …) comme titre pour ce tome qui est une véritable ode aux souvenirs.
Cette manière de faire monter en puissance les différents secrets qui touchent tous les personnages, les répétitions des scénarios de vie, la façon dont les destins et les révélations s'entremêlent, chacun détenant et confiant un petit fragment, tout cela me plaît beaucoup.
Note : 9/10
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