Le Westwall fut l'un de ces coups de bluff ahurissants que Hitler parvint, en jouant sur le caractère timoré des Alliés, à mettre en oeuvre dans la première décennie de sa dictature. Ayant en effet besoin de la majeure partie de ses troupes à l'Est, pour écraser la Pologne, il lui fallait donc trouver un moyen de dissuader les Français d'attaquer à l'ouest.
Ce moyen fut la ligne Siegfried, qui n'a guère d'héroïque que le nom, car, comme le montre ce livre, elle fut construite à la hâte, avec des matériaux de mauvaise qualité et un armement clairement insuffisant. Et pourtant le Westwall remplira parfaitement son office en 1939, les Français n'osant pas s'y attaquer de manière décisive, alors même qu'ils avaient une supériorité écrasante, et ce n'est que bien plus tard qu'ils apprendront de généraux allemands hilares que la forteresse tant crainte ne valait guère mieux que du carton.
Outre cela, la conception, la construction et les combats –ou l'absence de combat– de 39-40, le livre traite également de l'hiver 44-45 où la ligne a enfin combattue pour de vrai pour tenter d'arrêter l'avancée américaine. Et, curieusement, alors même qu'elle était totalement obsolète, elle parviendra à sérieusement les ralentir, non par sa puissance réelle, mais encore une fois par sa puissance psychologique qui fit hésiter les généraux américains, les incitant à s'arrêter pour se regrouper avant d'attaquer, et leur faisant ainsi perdre un temps précieux.
Le livre traite également de la vie dans les ouvrages et comment elle était parfois rendue difficile par les défauts de conception. Une petite partie à la fin donne des indications sur l'état des ouvrages aujourd'hui, et c'est là qu'on apprend avec un peu de consternation que l'État de RFA fait tout son possible pour détruire toute trace de la ligne en s'imaginant, dans l'une de ces bouffées délirantes dont les Allemands sont coutumier à ce sujet, qu'en supprimant toute trace de cette période, les néo-nazis vont s'évaporer comme si le nazisme n'avait jamais existé. C'est là qu'on constate (tristement) que le révisionnisme n'est pas l'apanage de ces mêmes néo-nazis.
Dans l'ensemble c'est un bon ouvrage, très instructif, mais des défauts viennent un peu plomber l'ensemble.
Au niveau du contenu, l'auteur ajoute parfois des détails un peu superflus, gâchant de l'espace qui aurait pu être mis à profit pour développer davantage d'autres parties ou pour ajouter plus d'e photographies des fortifications (ce qui manque un peu): ainsi plusieurs pages sont occupées par des tableaux détaillant précisément le volume de béton, le tonnage de bois et de ferraille, tableaux qui ne parleront pas à grand monde (à part peut-être à ceux qui travaillent du bâtiment) et n'en intéresseront probablement guère plus.
L'auteur tend aussi parfois à se répéter, racontant plusieurs fois la même anecdote, comme s'il avait écrit séparément ses chapitres à plusieurs mois d'intervalle et n'avait pas relu l'ensemble ensuite. Mais surtout, ce qui m'a vraiment agacé, ce sont ses sempiternels "et si": et si Hitler avait fait si, et si les Français avait ça, et si les Américains n'avaient pas fait si, et si machin n'avait pas fait ça, et si et si et si...l'auteur passe ainsi beaucoup (trop) de temps à imaginer une histoire fictive où la face du monde aurait été changé si un tel ou un tel aurait ou n'aurait pas fait ci ou ça.
L'autre grosse déception pour moi ce sont les illustrations: alors qu'on a l'habitude d'avoir chez Osprey de superbes illustrations traditionnelles, elles ont été remplacées ici des «trucs» (je ne veux pas appeler ça des illustrations) en 3D qui sont non seulement laids, mais en plus inexacts.
Ça reste un ouvrage intéressant malgré ces défauts, qui permet d'apprendre des choses, mais tout de même un cran en dessous de la qualité habituelle des ouvrages Osprey.
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Of course, it is easy to forget that for a long time Germany was not the aggressor but the aggrieved. After Napoleon’s campaigns in the early part of the 19th century the states of Germany built fortifications along the Rhine river to prevent future French aggression.