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Critique de Darjeelingdo


Il faut qu'on parle de Kevin, Kévin Khatchadourian qui, à la veille de ses seize ans, a tué 9 personnes dans son lycée. Dans des lettres adressées à Franklin, le père dont elle est séparée, Eva sa mère, tente de comprendre comment cette tragédie est arrivée.

Relation épistolaire à sens unique puisque nous n'aurons que le point de vue d'Eva, le roman se présente comme une longue introspection revenant sur les 20 années précédant le drame : leur vie de couple sans enfant, la naissance et l'enfance de Kevin, l'adolescence jusqu'à ce fameux JEUDI et la descente aux enfers qui a suivi, le tout entrecoupé des visites qu'elle rend régulièrement à son fils en prison.

J'avoue avoir eu un peu de mal à entrer dans l'histoire : j'ai trouvé le début un peu long avec les querelles des époux à propos du travail d'Eva et de son peu d'enthousiasme à envisager une maternité. Et puis on rentre petit à petit dans le vif du sujet , avec la naissance du petit Kevin, et on ne lâche plus l'affaire.

C'est un livre dérangeant, qui aborde des thèmes souvent tabous comme l'absence d'amour maternel, les relations parfois très conflictuelles entre un parent et son enfant, la déliquescence d'un couple après l'arrivée des enfants, surtout si les enfants en question ont un comportement « problématique » que chaque parent analyse différemment.
Kevin est-il un adolescent américain banal injustement accusé , comme le pense son père, ou un jeune manipulateur , sournois et intrinsèquement mauvais comme le voit sa mère ? Et une mère peut-elle porter un tel jugement sur son propre enfant ? N'est-elle pas responsable, finalement, par son manque d'amour, de ce qui est arrivé ?

Eva se pose ces questions avec honnêteté, elle analyse froidement son comportement, ses relations avec son fils, ses sentiments, elle rembobine toute l'histoire pour essayer de trouver des réponses.

Le livre est aussi, au passage, un violent réquisitoire contre la société américaine et la vente et la détention libre des armes qui a notamment entraîné les nombreux massacres dans les écoles et lycées (l'énumération faite par l'auteure est impressionnante).

Un récit implacable et une fin terrible, servis par une écriture brillante avec la causticité habituelle de Lionel Schriver.
De loin le livre le plus noir que j'ai lu de cette auteure.
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