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Critique de Ellanamamanda


J'avais bien aimé les deux premiers tomes de la Faucheuse, mais là j'ai adoré ce que Neal Shusterman a fait de ce troisième tome. Ce tome s'adresse autant aux jeunes adultes qu'à des plus âgés car il aborde des problématiques très intéressantes avec différents niveaux de lecture possibles. A commencer par la religion.

On l'avait compris, les Tonistes ne jurent que par la « grande résonance », la bémol ou sol dièse, et argumentent pendant des heures pour se mettre d'accord sur le nom de la résonance sacrée. Étant musicienne, cela m'a doublement faite rire. Mais dans ce tome, il est question d'interprétation de cette religion et de ses textes, que certains vont prendre trop au pied de la lettre (ou complètement extrapoler), ce qui conduit à la formation de nombreuses sectes qui, sous couvert de se rapprocher de la Tonalité, vont nuire grandement à l'humanité. Évidemment, cela « résonne » avec l'actualité !

J'ai également adoré le personnage de Jeri, personnage non-binaire se sentant femme ou homme selon que le soleil est couvert par des nuages ou non. Ce personnage est très riche et il est traité de façon extrêmement respectueuse. Surtout : je trouve ça génial que des adolescent-es soient confrontées à des identités non-binaires grâce aux livres, et puissent y apprendre, d'une part que ce n'est ni grave ni bizarre, et surtout comment leur poser des questions de façon respectueuse. Car une fois les questions de météo et de pronoms réglées, Jeri est Jeri, et rempli simplement son rôle de personnage, ni plus ni moins. J'ai d'ailleurs souri en m'apercevant que, même dans la traduction française, la plupart des paragraphes n'avaient besoin de préciser à quel genre il-elle s'identifiait sur le moment. le lecteur restait dans le flou, et c'était très bien car l'information n'aurait rien changé.

J'ai trouvé très mignonne la romance entre Jeri et un des personnages masculins se pensant hétéro, qui va découvrir que l'identité de celui-celle qu'il aime importe peu. Toutefois, on le suit dans ses doutes et ses questionnements -toujours bienveillants- car il n'avait réfléchi à cette situation auparavant. J'ai été heureuse de découvrir dans les remerciements que Neal Shusterman avait fait appel à une « sensitivity reader » pour traiter au mieux le personnage de Jeri et ses relations amoureuses : ne heurter personne et surtout, ne pas apporter d'informations erronées ou de stéréotypes. Ce qui explique pourquoi ce personnage était traité si finement ! J'espère que ces pratiques vont se démocratiser, et que de plus en plus d'autrices et auteurs feront appel à ces « sensitivity readers » !

Enfin, j'ai aimé que ce tome se désintéresse en grande partie de la romance entre Citra et Rowan (voire même des personnages qui deviendraient – presque – des personnages de second plan), au profit de nombreux personnages secondaires. Cela rend ce troisième tome très riche et permet d'approfondir l'univers de cette saga, tout en abordant des thèmes plus adultes que les tomes précédents : sectes et intégrisme religieux, relations amoureuses queer mais aussi les inconvénients des intelligences humaines face aux intelligences artificielles… Et pour terminer, quelques références discrètes à la politique américaines et à un certain président qui se protège en érigeant un mur autour de son pays, et aussi à la question de la maladie, la douleur et la nécessité de l'euthanasie.

Bref, un excellent moment de lecture : toujours aussi facile à lire que les tomes précédents, un suspens bien mené, et une intrigue parsemée cette fois de dimensions politiques riches qui raviront à la fois les adolescents et les adultes !
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