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Critique de Antyryia


ENTRETIEN AVEC CHRISTOPHE SIÉBERT

Antyryia : - Vous avez publié une courte biographie sur votre métier, de ses débuts hasardeux à une forme de consécration : Être publié par les éditions au Diable vauvert ( Neil Gaiman, Thomas Gunzig, Poppy Z. Brite, Pierre Bordage pour ne citer qu'eux ).
Intitulée Fabrication d'un écrivain, vous y évoquez vos galères et votre acharnement.
Considérez-vous qu'un auteur a achevé sa construction lorsqu'il peut enfin vivre de son art comme c'est le cas pour vous aujourd'hui ? J'associe plus volontiers le mot Écrivain à un auteur de talent ( "La littérature qui me plaît est celle qui provoque l'impact le plus mastoc possible dans les boyaux de la tête et du ventre", pour reprendre vos mots, correspond tant à mes goûts qu'à votre style unique ) plutôt qu'à un auteur qui vend des livres. Les deux ne sont pas incompatibles mais loin d'être synonymes.
Christophe Siébert : - Oui, ce petit fascicule a été édité par Au diable vauvert après qu'ils l'ont découvert sur Facebook – moi je l'avais surtout écrit pour frimer auprès de mes copains, sans penser qu'il deviendrait un objet littéraire ! J'avais un peu honte, au départ, je trouvais quand même ça un peu infatué, et puis à l'usage ce petit objet s'est avéré utile aux chroniqueurs voulant faire ma connaissance, et aux auteurs en galère qui avaient besoin d'un peu de réconfort. Donc je ne regrette finalement pas que ce truc soit sorti.
J'aime bien la définition que donne Stephen King de l'écrivain : un type qui paie ses factures grâce à ses phrases. Je suppose que le point de vue du lecteur et celui de l'auteur ne sont pas tout à fait identiques. Mon but est d'accomplir mon travail le plus librement possible, de produire les textes les plus aboutis que je peux, et les exploiter ensuite dans le but de bouffer et de dépenser mon pognon comme n'importe quel consommateur, sauf que mes goûts semblent plus bornés que ceux de la plupart de mes contemporains – je m'intéresse à peu de choses, dans le vaste univers de ce qu'on peut acheter. Mais, oui, vous avez raison : en tant que lecteur, je me fous bien que l'auteur roule en Rolls ou crève de faim, du moment qu'entre les mains j'ai un bon livre ! (Enfin, je préfére quand même que les écrivains que j'aime rencontrent le succès !)

A : Les éditions Au diable vauvert ont d'abord publié en 2019, sous forme de recueil, deux romans qui étaient jusqu'alors restés confidentiels. Métaphysique de la viande reprend en effet Paranoïa, le dernier roman publié de la collection TRASH, ainsi que l'ignoble Nuit noire.
Diffusés à une échelle plus importante, quel a été l'accueil réservé par un public pas forcément aussi averti ?
CS : J'ai été très surpris, globalement, par la diversité du lectorat que m'a apporté le Diable. J'aime beaucoup Nicolas Rey, par exemple, mais imaginer que des lecteurs puissent apprécier Nicolas Rey ET Siébert me paraissait légèrement absurde. Ils se sont chargés de me démontrer le contraire et j'en suis encore chamboulé et ravi, tout comme je suis ravi et étonné qu'un mec du calibre de François Bon, pour prendre un exemple récent et frappant, s'intéresse à mon dernier livre.
En fait, contrairement à mes a priori, les lecteurs disons plus mainstream que mes hooligans habituels sont très ouverts d'esprit et capables de s'intéresser à des trucs dont je pensais qu'ils les repousseraient. Je ne suis pas en train de prétendre qu'aimer mes bouquins constitue une preuve de bon goût, hein ! Mais que les lecteurs s'avèrent plus aventureux et gourmands qu'on ne le croit – et que les éditeurs seraient bien inspirés de publier davantage d'auteurs issus de l'underground, du fanzinat et des marges en général, avant que le Diable, qui signe cette année par exemple Jérôme Bertin et Marlène Tissot, issus des mêmes toundras que moi (ça fait quinze ans qu'on se connaît, qu'on se lit dans les mêmes fanzines, qu'on se croise dans les mêmes squats et qu'on s'aime), ne fasse main basse sur tout l'underground et rafle la mise. Réveillez-vous les mecs, Mazauric est dans la place, vous allez rien voir venir !

A : 2020 marque donc le début de la publication des Chroniques de Mertvecgorod (la cité des cadavres en russe), votre projet le plus ambitieux à ce jour. Trois titres à venir sont d'ores et déjà prévus. Vous expliquez sur le site internet réservé à ce cycle (mertvecgorod.home.blog) que, et je vous cite : « J'ai toujours désiré créer un monde qui serve de terrain de jeu à mes fictions, un bac à sable où m'enfermer jusqu'à la fin de mes jours en emportant tout ce qui me passionne ou me fascine et dont je veux parler en littérature : le crime, la corruption, la violence, l'horreur organique, le fantastique, les rapports de domination, la névrose, la paranoïa, les complots, les monstres, la religion, l'occulte, les fantasmes, l'amour, le cul, les délires technologiques et sécuritaires, la chute. »
Le présent ouvrage a pour originalité de se composer de vingt et une nouvelles qui pour la majorité pourraient être lues indépendamment. Toutes appartiennent à votre vaste terrain de jeux, dont les nouvelles de Porcherie donnaient déjà un aperçu. Mais l'originalité ici c'est qu'elles se déroulent toutes dans la capitale de la RIM ( République indépendante de Mertvecgorod ), que les personnages qu'on retrouve parfois d'un texte à l'autre s'y croisent, et qu'au fur et à mesure de notre lecture s'améliore notre vue d'ensemble. Chaque nouvelle est comme la petite pièce d'un gigantesque puzzle permettant de découvrir la ville, sa géographie, ses groupuscules terroristes, sa mythologie, sa technologie en un univers tentaculaire.
Pourquoi avoir fait ce choix de rédaction ?
CS : Je voulais proposer au lecteur un moyen d'entrer en douceur dans ce monde. Et il m'a semblé au lieu de le plonger directement dans le grand bain, qu'une découverte progressive de cet univers, à travers toutes sortes de voix et d'anecdotes, serait plus agréable. Ce livre – que pour ma part je considère davantage comme un roman à la construction volontairement éclatée que comme un recueil de nouvelles – est aussi une introduction aux différentes formes que vont prendre les prochains volumes du cycle, depuis la fiction pure jusqu'au faux documentaire, en passant par des trucs hybrides.
Pour moi, le plaisir du lecteur est essentiel (et je crois que plus on écrit des trucs noirs, violents, difficiles, lourds, etc., plus le plaisir du lecteur est une donnée cruciale à prendre en compte) et je ne voulais surtout pas le forcer à assimiler dans un même récit toutes sortes d'infos historiques, géographiques, sociales, tout le jetant dans les méandres d'une histoire complexe. D'où cette idée d'instantanés, qui offrent une sorte de visite guidée de la ville, véritable personnage principal livre.
Quant aux volumes suivants : le tome deux, qui est terminé et sortira en septembre 2021, prend la forme d'un faux documentaire constitué des notes de Timur Domachev (narrateur de deux chapitres dans le tome 1) et suicidé avant d'avoir pu terminer son enquête. Il y sera question, principalement, du féminicide qui endeuille Mertvecgorod depuis plus de vingt ans sans que la police ne s'en préoccupe plus que ça, et de toutes les ramifications, qu'entraîne pour Domachev cette enquête labyrinthique. Ce sera aussi l'occasion – pour ceux que ça intéresse, les autres pourront lire au premier degré sans problème – d'une réflexion sur la place du narrateur et l'oeuvre elle-même dans l'univers fictif, sur la fiabilité des informations donnée par le texte, d'un jeu sur le paratexte, etc.
Le tome trois, lui, sera consacré à Nicolaï le Svatoj, le Sit, Camille, l'attentat et La Faille. Je l'ai commencé voici quelques semaines, il avance tranquillement et cherche encore sa forme et sa langue définitives.

A : Également, pourquoi ce choix de ne pas présenter ces chroniques dans leur ordre chronologique, sachant qu'elles se déroulent entre 2020 et 2025 ?
CS : L'ensemble du cycle va se dérouler entre le milieu des années 70 et 2050. L'idée de présenter les chapitres dans un ordre non-chronologique correspond à une nécessité toute simple de tension dramatique. Après avoir mis en place mes fils narratifs, créé les liens entre les personnages et consolidé et renforcé les trames générales unissant tout ça (le personnage du Svatoj, l'attentat, la danse de mort, etc.), j'ai organisé tous les éléments du bouquin de manière à obtenir la narration la plus efficace possible. Je tenais par exemple à commencer avec ce journaliste français qui débarque à Mertvecgorod sans rien y connaître, tout comme le lecteur. Je tenais aussi à finir avec l'histoire de ces deux amoureux qui offrent une note d'espoir dans toute cette pourriture. Il s'agissait des deux pôles de mon histoire. Et entre les deux, chaque élément a trouvé sa place naturellement, chacun s'organisant par rapport aux autres afin que chaque chapitre et chaque anecdote donne sa pleine puissance et que le livre dans son ensemble obéisse à un principe de montée permanente mais aussi d'entonnoir, d'aspiration dans les ténèbres de la ville et ses secrets les plus étranges, jusqu'au relachement du dernier chapitre, qui permet aussi – j'espère – au lecteur de sortir en douceur du roman avant d'aller s'amuser à picorer dans les annexes.
D'autre part, en bouleversant l'ordre chronologique, en proposant toutes sortes de personnages récurrents ou non, en multipliant les formes, les points de vue et les voix, j'avertis le lecteur que la suite pourra prendre place à différentes époques de la RIM, qu'on ne va pas avoir une série de tomes bien rangés chronologiquement mais que se sera plus bordélique et intuitif que ça – et je l'avertis aussi que puisque j'ai choisi un ordre esthétique et dramatique et non chronologique, eh bien lui, le lecteur, peut choisir de lire les bouquins dans l'ordre qu'il veut et même de faire l'impasse sur ceux qui ne l'attirent pas. Je ne voulais pas emprisonner mes lecteurs dans une saga où si tu loupes un épisode, c'est foutu, tu es exclu de la fête. Malgré la grande noirceur de mon univers, je veux que le grand plaisir que j'ai éprouvé à le créer, que la grande liberté que j'éprouve à l'arpenter en tous sens, soient partagés par mes lecteurs. C'est un cauchemar, OK, mais un cauchemar cosy, haha !

A : Si Mertvecgorod n'existe pas en réalité, vous en avez cependant fait un véritable pays de l'ex-URSS en situant celui-ci au point de rencontre entre la Russie, l'Ukraine et la mer d'Azov. Vous avez été jusqu'à élaborer une fiche Wikipédia extrêmement détaillée et permettant de mieux comprendre certains événements d'ordre surnaturel du roman .
Sur la page internet consacrée à ces chroniques, le lecteur a également accès aux plans de la ville.
On apprend ainsi que Mertvecgorod est un petit coin de paradis : Tourisme sexuel, énorme production de films pornographiques, trafics d'organes, centre de déchets au point d'en faire une des villes-décharges les plus polluées de la planète.
Comment crée-t-on un univers aussi vaste et aussi complexe ?
Et pourquoi avoir choisi un pays de l'ex-URSS pour y implanter ce pays cauchemardesque ? Pour dénoncer les trafics humains et d'organes propres aux pays les plus pauvres ?
CS : On le crée en rêvassant à son sujet du matin au soir, en se documentant sur tous les thèmes qu'on veut aborder (ceux que ça intéresse ou amuse peuvent parcourir ma bibliographie ici : https://mertvecgorod.home.blog/2019/12/03/bibliographie/ – ceux qui savent lire entre les lignes pourront même y trouver quelques indices !), en prenant des tonnes de notes, bref en y vivant soi-même un maximum.
Les thèmes que j'aborde, du féminicide au trafic de déchets et d'organes en passant par la corruption et le crime organisé, sans oublier tous les autres, font partie du monde réel, de notre société contemporaine. le trafic d'organe, par exemple, est à l'heure actuelle l'activité criminelle la plus lucrative, loin devant la drogue. Ça me paraissait donc important de parler de ça.
Je ne dénonce rien, dans mes fictions. Je mets en scène des trucs qui me préoccupent, me fascinent, me troublent, me font réfléchir, m'émeuvent, etc. Au lecteur d'y trouver matière à s'indigner si c'est dans son caractère, ou de prendre ça comme un simple divertissement s'il préfère.
Le choix de la Russie est à la fois esthétique – je voulais un décor qui soit l'équivalent graphique des musiques que j'aime écouter – et pragmatique : il n'existe pas beaucoup d'endroit sur la planète où on peut installer une ville fictive de sept millions d'habitants et vieille de plusieurs siècles sans que ça paraisse invraisemblable.

A : Images de la fin du monde a eu le malheur de sortir le 19 mars 2020, soit deux jours après le confinement et la fermeture des librairies. Est-il possible de mesurer à quel point cette période a été dommageable pour la sortie du premier volume de ces chroniques ?
Comment les habitants de Mertvecgorod ont-ils vécu la pandémie de leur côté ?
CS : Les libraires (à l'exception notable des Fnacs) ont joué le jeu avec une grande loyauté et ont traité mon livre (ainsi, je crois, que tous ceux sortis à cette période) comme de réelles nouveautés. Donc Images... n'a pas, ou presque pas, été impacté par la situation. Bien sûr, on a perdu des vente avec l'annulation des salons et de tous les événements littéraires, mais mon livre n'est pas un produit lié à l'actualité, il est là pour longtemps. Donc sur le long terme, ça ne change pas grand chose, j'espère. Quoiqu'il en soit, même si le but, une fois qu'il est terminé, est qu'il rencontre son public et qu'on en vende le plus d'exemplaires possible, mon éditrice s'intéresse davantage à la littérature qu'à ses bilans comptables !
Quant aux habitants de Mertvecgorod, ils ont vécu cette période avec un certain détachement : les virus occidentaux sont bien trop fragiles pour survivre dans les conditions extrêmes de la RIM, hahaha !

A : Anticipation oblige, les drones, les images virtuelles et les jeux vidéos nouvelle génération sont de la partie, mais à la sauce Siébert. Les drones nucléaires y sont bénis selon d'anciens rituels vikings et les jeux donnent des sensations inédites (devenir une voiture dans Mashina). le texte qui m'a le plus marqué est probablement Fight Club, ou deux frères se livrent un combat à mort afin de sortir leur famille de la pauvreté. L'astuce étant qu'ils ne sont que les marionnettes aux mains de deux joueurs munis de manettes contrôlant leurs mouvements. Vous avez une imagination démesurée me rappelant par moments celle d'un Serge Brussolo et vous ne vous encombrez jamais de vernis pour travestir la réalité. Définiriez-vous cette originalité comme votre marque de fabrique ?
CS : C'est pas à moi de définir ça, mais je suis très content d'être comparé à Brussolo !
Concernant le coup des combats de cafards, l'idée m'est venue en lisant un article à propos d'un labo travaillant sur la cybernétique, qui a réussi à implanter une puce dans des cerveaux de cafards pour les télécommander ! Il suffisait d'extrapoler à l'humain. Et j'ai gardé le terme « cafard », désignant ces pauvres combattants, comme une allusion à la source réelle de mon invention. Un truc marrant avec la science-fiction, et ça tous les auteurs du genre le savent, c'est que le réel s'avère toujours plus dingue, bizarre, révoltant ou stupide que ce qu'on peut sortir de notre imagination !

A : Sauriez-vous expliquer pourquoi la misère humaine sous toutes ses formes prend autant de place dans ce livre comme dans le reste de votre bibliographie ?
CS : Tout simplement parce qu'il n'y a que ça qui me semble intéressant en littérature. Je me fous de lire des bouquins qui parlent des problèmes de cul de gens dont les appartements sont huit fois plus grands que le mien, et me fous aussi d'écrire à ce sujet, d'autres font ça très bien.
C'est dans les recoins sombres qu'on trouve des trucs qui font sens universellement : la douleur, la trouille, la frustration, etc. Il existe une littérature dont la fonction est d'apporter du réconfort, mais ça n'est pas la mienne. Et je dirais même que, justement, c'est dans la littérature dans laquelle je m'inscris moi, celle du mal, de la violence et de l'inquiétude, qu'on trouve le plus de réconfort, en réalité. le train-fantôme ne sert pas qu'à faire peur : il sert aussi, une fois qu'on en est sorti, à faire éprouver une forme de soulagement. Et, s'il est bien conçu, il permet de nourrir une réflexion à propos des réels trains-fantômes qui peuplent notre réalité.
D'autre part, puisque nous vivons dans un monde où des gens sont broyés, exclus, rejetés aux marges, etc., je crois que c'est à ces gens-là, qui n'ont pas tellement voix au chapitre dans la vie réelle, que la fiction doit d'intéresser. Pas afin de dénoncer quoi que se soit, mais simplement pour exprimer leur point de vue et parfois indiquer des causes possibles à ces situations. C'est pour ça que les personnages les plus fréquemment rencontrés dans mes livres sont des crevards, des galériens, des criminels parfois et qu'ils peuvent l'être par malchance, stupidité, déterminisme social ou toute autre raison sociale, économique ou individuelle. Souvent ils essaient d'échapper à leur condition, rarement ils y arrivent. Épouser pendant un moment leur destin permet peut-être au lecteur d'éprouver un peu plus d'empathie et de compréhension envers les véritables laissés-pour-compte, qui occupent un hors-champ social et crèvent dans l'indifférence – qu'ils soient de braves types ou de purs salauds n'entre pas en ligne de compte en ce qui me concerne : je ne fabrique pas une littérature morale mais une littérature qui veut, d'une certaine manière, augmenter le champ de vision de mes lecteurs.

A : La haine des parents fait également partie intégrante de votre univers personnel : père pédophile, fugue, suicide adolescent, plongée dans la drogue et la prostitution sont autant de thèmes déjà abordés, comme si le rôle des parents consistait à faire souffrir leur progéniture.
Avec les personnages de Camille X ou de Chloé Lemoine on retrouve ces thèmes. Il y aussi ce gamin dans la gare désaffectée de Mertvecgorod et dont le père a vendu un oeil. Ou ce groupuscule terroriste qui a pour but d'anéantir les adultes.
Cette obsession vraiment récurrente de l'adulte destructeur est-elle liée au modèle parental que vous avez eu (vous évoquez dans Fabrication d'un écrivain la fuite de la violence et de la folie de l'appartement familial) ? Aux générations qui semblent toujours compter sur les suivantes pour résoudre des problèmes de société de plus en plus urgent (réchauffement climatique, écologie, nucléaire ) ?
Comment l'expliqueriez-vous ?
CS : J'ai du mal à réfléchir à certains ressorts profonds de mon écriture. Je constate, comme vous, que dans mes textes certaines obsessions surnagent. Parmi tous les gens qui en chient, qui constituent mon territoire littéraire, pourquoi je reviens sans cesse à certaines conditions d'existence et en laisse d'autres de côté, je l'ignore et préfère l'ignorer. Je ne veux pas en savoir trop sur ce qui, en moi, fait tourner la machineà fiction. Il me semble que trop connaître mes propres mécanismes pourrait nuire au processus – c'est sans doute un peu superstitieux de ma part, mais bon.
Moi, mon boulot consiste à donner à ces obsessions une forme qui fait sens, et qui peut parler à d'autres individus.
Il y a peut-être effectivement une part biographique.

A : En vous remerciant, Christophe, pour cet éclairage autour de votre métier et de ce cycle de science-fiction noire, je vous laisse le soin de conclure pour donner envie aux lecteurs de se plonger à leur tour dans les rues de Mertvecgorod.
CS : Avec plaisir ! J'espère que cette interview leur donnera au moins envie d'aller le feuilleter dans une librairie !
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