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Critique de LoupAlunettes


Quelle bonne idée de la part des éditeurs d'Âne Bâté Éditions que de nous avoir traduit de l'italien cette histoire simple et pourtant si forte autour de l'instruction.



La lumière et l'obscurité prennent des intensités esthétiques et métaphoriques d'importance ici avec l'auteur et l'illustrateur.

Les rehauts de blanc, griffonnés comme sur de l'ardoise, rendent l'épaisseur qui manqueraient aux personnages un peu avalés par la nuit.



Les parents du jeune héros, travailleurs de la terre, se lèvent bien plus tôt que l'aurore pour gagner leur croûte.

Dès Potron-minet, les petites mains des enfants s'activent déja aussi pour aider à gagner le pain quotidien.



Mais un jour, le père de l'histoire en assez de se heurter au meuble et à bien d'autres choses qui lui échappent.

Ainsi va t-il demander à nouveau à son employeur la lumière, l'électricité pour y voir clair dès le lever et ne plus perdre de temps.

Il est pourtant renvoyé chez lui sur la présentation de feuilles de papier justifiant des démarches faites en ce sens et des salves de rires.



Nous sommes touchés par ce qui n'est pas dit et qui est gardé dans la réserve.

Le père est analphabète mais pas sot et il sent bien que les abus du patron ne tiennent qu'à son incapacité à lire les caractères, puis entre les lignes.



Oui, cela semble d'un autre temps tout cela et pourtant cela nous parle.

Le jeune narrateur, 11 ans, ne comprenait pas encore toute la liberté qui s'offrait à lui en étant obligé par le père à aller à l'école.

Traînant au début le pas dans la poussière pour gagner le banc, pour lui, l'école du prêtre de Barbiana, c'était la prison.



Les leçons y seront percutantes et belles de sagesse :

" - Que veut dire torture?

- Tous en choeur: Heu...

- Chaque mot que vous n'apprenez pas maintenant est une arnaque de plus, un coup de pied au c# que vous recevrez demain...".

La dignité semble avoir bonne place dans l'intrigue et on ne peut que l'apprécier.



Fabrizio Silei nous replacera avec ce souvenir d'enfance du petit héros dans un contexte historique italien bien particulier, il faut le savoir.

L'auteur nous laissera en tout cas libre de choisir d'en savoir plus le livre fermé et c'est ce que nous retiendrons à hauteur de jeunes lecteurs pré-ados cibles.

Chacun choisira de s'informer ou non, d'ouvrir le livre même ou non, non pas parce qu'il se trouvera, à tort ou à raison, impressionné par une 1ère de couverture mais parce qu'il saura tout simplement lire une quatrième de couverture et choisir.



Nous comprenons bien ici toute l'importance de ne pas vivre toujours dans l'ombre et d'avoir le pouvoir d'avoir son mot à dire parfois, à échelle d'adultes et à hauteur d'enfants dans l'histoire.

Dès lors que les jeunes élèves de l'instituteur ont appris à lire, à écrire, ils sont allés plus loin que ce à quoi on pouvait les destiner pour questionner ou se questionner.



Ça ne sera pas sans conséquence pour le prêtre instituteur...

L'histoire est d'autant plus émouvante et intense qu'elle est vraie. Et oui.

La fin de l'album nous apporte plus d'information sur ce Don Lorenzo Milani, prêtre fondateur de l'école Barbiana pour enfants.

On a aimé, évidement.
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