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Critique de leolechat


Pauvre comme Job et aussi laid de l'intérieur que de l'extérieur, la face de crapaud d'Elie et ses odeurs corporelles de jeune homme négligé n'inspirent que dégoût et pitié à son entourage. Oubliant ses réticences premières, sa logeuse finit par s'habituer à sa présence d'étudiant famélique, lui accordant même certains privilèges, lors d'épisodiques excès de bonté. Aussi, quand Michel s'installe dans la pension de famille où il séjourne depuis trois ans, Elie voit rouge, ne supportant pas la beauté et l'aisance naturelle de ce garçon né sous de biens meilleurs auspices que lui. Dernier arrivé, son rival récupère la plus belle chambre et devient bientôt l'objet de toutes les attentions de la logeuse, béate d'admiration devant cet étudiant fortuné. Refusant l'amitié que Michel lui propose, Elie en vient à le haïr, surtout quand il découvre que son adversaire a séduit la fille de la maison. Ce dernier, amusé par la situation, se divertit en le narguant de sa bonne fortune. Pris d'une folie meurtrière, Elie tire un coup de revolver dans la tête de son ennemi et prend la fuite, sans se douter que ce dernier a survécu à ses blessures. Vingt-cinq ans plus tard, les deux hommes vont se retrouver face à face par le plus grand des hasards...

D'une rare noirceur, ce roman décrit les tourments intérieurs d'un être veule et jaloux qui ne supporte pas la vision du bonheur d'autrui et qui fera tout pour y mettre fin. Avec la minutie d'un orfèvre, Simenon nous dépeint les pensées confuses et torturées d'Elie, qui se pose en victime incomprise de celui qu'il n'aura de cesse de détruire, considérant la chance insolente dans laquelle baigne ce dernier comme une provocation à son égard.
Ecrit en 1954, ce roman n'a pas pris une ride. J'ai pu à nouveau savourer la plume intemporelle de Georges Simenon, un auteur qui savait habilement nous décrire les vilenies et autres faiblesses dont l'être humain peut se rendre coupable, maîtrisant l'art de donner vie à des personnages de fiction qui semblaient plus vrais que nature !

Un bourreau.
Une victime.
Mais qui est le plus perfide des deux ?

Lien : http://leslecturesdisabello...
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