AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Alex8765


Au début des années 80, Georges Simenon est au paroxysme de sa renommée et s'ennuie un peu. En regardant dans le rétroviseur, il découvre l'impressionnant catalogue qu'il a laissé derrière lui et les multiples adaptations tant cinématographiques que télévisées que ses romans ont généré. Ce serait mal le connaître que de croire qu'il pourrait cracher dans la soupe et malmener ce qui a fait sa fortune. Il est un des rares écrivains de langue française à pouvoir vivre de sa plume. Un constat qui tient à la fois d'un talent authentique et d'une force persévérante dans le travail. Pourtant, il a choisi de passer à autre chose et, après les vingt-et-uns tomes consacrés à ses dictées, il se lance dans la rédaction de « Mémoires intimes ». L'occasion de raconter ses origines modestes et de narrer le chemin parcouru. Il ne s'agit certainement pas d'une hagiographie ni d'une statue qu'il souhaite élever à sa propre notoriété. Si sa carrière d'homme de lettres a été une incroyable réussite, sa vie privée s'est (selon lui) lamentablement rétamée. Légende vivante, il tente de déboulonner le socle sur lequel il est assis. En 1978, un drame a endeuillé son existence. Marie-Jo, sa fille chérie, s'est donné la mort, égarée dans un monde de facilités où tout était devenu trop. Trop d'argent, trop de luxe, trop de loisirs faciles ont fragilisé la jeune femme et favorisé la tragédie. A un journaliste du Daiy Express, il avait alors confié : « J'ai un peu honte de la vie que le succès m'a forcé à mener. » Un peu comme il l'avait déjà fait en 1945, alors qu'il se croyait atteint d'une maladie fatale, sous le titre « Je me souviens » et dédié à son fils Marc, il entreprend à nouveau d'exposer ses faiblesses, ses hésitations et ses remords pour édifier le tombeau de sa fille disparue. Sans se parer d'hypocrisie, il se dévoile et parle de son exil à New-York, des amours de sa vie, de ses divorces et de ses enfants (essentiels à ses yeux). Jamais, il n'aura été sincère, se mettant à nu comme jamais. En 1989, il décède à son domicile de Lausanne, rejoignant pour l'éternité ceux qui ne sont plus.
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}