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Critique de Presence


Ce tome est le premier d'une nouvelle série qui correspond à l'édition sous format papier d'épisodes parus sous format dématérialisé en 2014. Il comprend 10 histoires courtes consacrées à Wonder Woman d'une longueur variant de 8 pages 30 pages. Chaque histoire est réalisée par des créateurs différents, et est indépendante des autres, se situant à différents moments de la vie de Diana.

Dans la première histoire, (1) Wonder Woman est à Gotham, et elle doit lutter contre les ennemis habituels de Batman qui se sont évadés d'Arkham. (2) Puis elle remet Circé à sa place, alors qu'elle avait commencé à transformer les newyorkais de sexe mâle en gargouille et en pierre. (3) Une jeune Diana doit réussir une épreuve pour hériter de son deuxième bracelet sur Thémiscyra. (4) Une Diana adulte se rend compte qu'elle est en train de perdre ses pouvoirs. (5) En jeune adulte, Diana est chanteuse et guitariste dans un groupe de rock, et va prendre un repas avec 2 admiratrices.

(6) À Londres, Wonder Woman arrête Catwoman qui a dérobé la Toison d'Or dans un musée. (7) Adulte, Diana est enlevée par des extraterrestres qui l'emmènent dans l'espace ; heureusement Supergirl vient à sa rescousse. (8) À Gateway City, Wonder Woman géante se bat contre Byth, un ennemi d'Hawkman. (9) Au Tibet, Wonder Woman et Etta Candy se battent contre Ra's al Ghul qui dérobé le Rayon Pourpre des amazones. (10) Hippolyta envoie Diana sur Apokolips, pour sauver 2 émissaires amazoniennes.

Il s'agit de 10 histoires indépendantes, sans rapport entre elles, réalisées par des équipes créatrices différentes. En fonction de leur inspiration, les auteurs réalisent des histoires totalement indépendantes de toute connaissance sur Wonder Woman, ou alors étrangement immergées dans la continuité. Ainsi le lecteur peut plonger dans les histoires (2), (3), (5) et (7) sans rien connaître du personnage. Il découvre une superhéroïne sympathique, à divers époques de sa vie. Soit le scénariste a choisi un événement s'inscrivant dans la continuité (l'acquisition d'un de ses bracelets), soit il a décidé de ne conserver que le costume et les pouvoirs (et de la transformer en chanteuse de rock).

Dans d'autres cas, les auteurs préfèrent s'appuyer sur des éléments de continuité interne (la relation de Diana avec Cheetah, la présence d'Etta Candy, le Rayon Pourpre), voire des éléments pointus de l'univers partagé DC (le personnage de Byth qui ne parlera qu'aux connaisseurs de la série Hakman). Certains exploitent des éléments de continuité plus lâche, comme les relations entre Wonder Woman et Supergirl, ou encore le lien équivoque entre les amazones et Darkseid. le format de cette anthologie permet également aux créateurs de piocher dans les différentes continuités successives, avant ou après Crisis on infinite Earths, après Flashpoint. Seul le lecteur au fait de tous ces détails saura faire le tri et remettre les histoires à leur place.

D'un autre côté, replacer les histoires dans leur continuité respective n'a pas grande importance. le format de ces récits permet à chaque équipe créatrice de présenter Wonder Woman sous le jour qui leur plaît, tout en en profitant pour mettre en avant la ou les caractéristiques les plus marquantes à leurs yeux. Finalement cette anthologie permet de présenter différentes versions du personnage, le lecteur pouvant identifier les composantes intangibles, des pièces rapportées accessoires.

En fonction de leur sensibilité, les scénaristes mettent en avant la force brute de Wonder Woman (Gail Simone, ou Gabriel Hardman dans un hommage appuyé à la version de John Byrne, voir Wonder Woman: Second Genesis). D'autres au contraire, préfèrent mettre en avant sa sensibilité ou son empathie qui lui permettent de réfléchir aux besoins émotionnels des personnes qu'elle croise. C'est ainsi qu'elle embrasse un garçon pour qu'il retrouve de l'estime face à ses camarades, qu'elle essaye de gagner l'estime de sa mère, qu'elle s'enquiert de la détresse d'une admiratrice, qu'elle vient en aide à Byth.

Enfin certains préfèrent présenter une intrigue qui accroche le lecteur, telles que le vol de la Toison d'Or par Catwoman, ou la mission d'exfiltration sur Apololips. le ton de la narration dépend également beaucoup des dessinateurs. Marguerite Sauvage recourt à une esthétique très connotée fille, pour une sensibilité féminine et adolescente. Amy Mebberson réalise des dessins sous forte influence de Bruce Timm, avec une esthétique empruntée aux dessins animés pour enfants. Dean Haspiel évoque plutôt les dessins de Darwyn Cokke.

D'autres dessinateurs restent dans le registre superhéros, de nature descriptive et relativement réaliste. Ainsi Ethan van Sciver dessine avec la minutie qui lui est coutumière. Tom Lyle réalise des dessins de superhéros très traditionnels. Gabriel Hardman choisit une esthétique plus rugueuse, plus adaptée à la mise en scène de la force de Wonder Woman et de la dureté d'Apokolips (évoquant à nouveau l'interprétation de John Byrne). Tous les dessinateurs ont disposé du temps nécessaire pour peaufiner leurs planches, et présenter un travail soigné, chacun dans son style. En fonction des histoires, le format initial dématérialisé (par demi-page) est plus ou moins marqué. Dans certaines histoires la bande blanche médiane est d'une largeur supérieure aux autres, marquant fortement la séparation en demi-page. Dans d'autres histoires, elle est d'une largeur normale. Seules Marguerite Sauvage et Catt Staggs ont fait l'effort de rétablir un lien visuel entre les 2 bandes. Gail Simone (qui a été à la tête de la série mensuelle de Wonder Woman, à commencer par The Circle) et Ethan van Sciver racontent une histoire luxueuse (de par les dessins) du personnage, mais manquant un peu d'émotion, en comparaison avec les suivantes.

Parmi les histoires qui sortent le plus du lot, il y a celle avec Catwoman, à la fois simple et enjouée, celle de Gabriel Hardman pour la puissance de Wonder Woman, celle de Diana en rockeuse pour l'empathie qu'elle éprouve pour ses admiratrices, et celle avec Etta Candy pour son coté rétro qui sonne juste (et la participation décalée de Boston Brand / Deadman).

Dans cette grande diversité d'approches narratives, il y a une histoire qui semble en décalage avec toutes les autres, celle réalisée par Gilbert Hernandez (auteur entre autres de Heartbreak Soup, tiré de Love and Rockets). Durant les 20 pages de cette histoire, Wonder Woman est enlevée par un extraterrestre qui lui impose sa volonté, et l'oblige à combattre Supergirl qui est venue la sauver, puis Mary Marvel. À la lecture, le lecteur se demande bien si c'est du lard ou du cochon. Les dessins sont simplistes, avec une lisibilité immédiate, et des expressions de visages peu nuancées, des affrontements physiques répétitifs qui ne mènent nulle part, et une fin en queue de poisson qui donne l'impression que l'auteur s'est arrêté là parce qu'il était arrivé au bout des pages qui lui était allouées.

Comparée avec ses récits personnels, le lecteur retrouve sa propension à écrire de manière semi-automatique, en se laissant guider par son inconscient. Dans la série Love and Rockets, cette méthode est contrebalancée par un environnement très riche, à la structure solide. Ici, le lecteur a l'impression que l'intrigue avance à la va-comme-je-te-pousse, sans réel enjeu, juste pour passer le temps. La personnalité des héroïnes n'est pas très développée, et ne génère pas d'empathie. Hernandez semble avoir sciemment diminué la sensualité de ses dessins pour être sûr d'être politiquement correct et tout public, en atténuant d'autant le charme. Au final le lecteur a l'impression d'être retombé dans un comics des années 1940, à destination d'un jeune lectorat, avec une intrigue prétexte.

Ce premier recueil de cette série anthologique se laisse lire et contient un portrait multi-facettes de Wonder Woman, dans lequel chaque auteur apporte sa contribution personnelle, sans avoir à s'encombrer d'une continuité contraignante. La lecture en est agréable, avec la limite que ces histoires sont parfois très courtes, et sans conséquence. 4 étoiles pour des récits mettant en valeur Wonder Woman, à partir de plusieurs points de vue.

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- Contenu détaillé - (s) pour scénario, (d) pour dessins -

- Gothamazon – Gail Simone (s), Ethan van Sciver (d) avec Marcelo di Chiara (d)
- Defender of truth – Amanda Deibert (s), Cat Staggs (d)
- Brace yourself – Jason Bischoff (s), David A. Williams (d)
- Taketh away – Ivan Cohen (s), Marcu To (d)
- Bullets and bracelets – Sean E. Williams (s), Marguerite Sauvage (d)
- Morning coffe – Ollie Masters (s), Amy Mebberson (d)
- No chains can hold her – Gilbert Hernandez (s) + (d)
- Attack of the 500-hundred foot Wonder Woman – Rob Williams (s), Tom Lyle (d)
- Ghost and gods – Neil Kleid (s), Dean Haspiel (d)
- Dig for fire – Corinna Bechko (s), Gabriel Harman (s) + (d)
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