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Critique de ClarenceM


Adapté au cinéma par PT Anderson dans There will be blood qui en a évacué toute la dimension politique (pourtant très bien décrite), ce roman volumineux accroche par son aspect picaresque. Un magnat du pétrole prospecte des terrains en compagnie de son unique fils afin d'y dresser des derricks et d'y extraire le précieux minerai. Les terres désertiques ne semblent exister que pour le développement de cette industrie. Les fermiers pionniers les ont déjà substituées aux Mojaves et il n'est donc pas choquant qu'ils se fassent eux-même déposséder à leur tour de leurs biens par les compagnies pétrolières. L'histoire qui se fonde sur l'exploitation de la multitude par un petit groupe d'hommes et la transformation des espaces naturels en décor artificiel n'est pas nouvelle. Mais elle retire ici un attrait supplémentaire pour la touche d'authenticité, l'histoire étant racontée par un américain. Ce pays a inventé l'histoire moderne en poussant jusqu'à l'excès la logique capitaliste dans laquelle le principe fondamental de gain noie toute tentative de considération humaniste.
Est-il pour autant aussi facile d'en tirer profit? Pas sûr. Car il faut compter sur la dangereuse duplicité des hommes politiques corrompus, le soulèvement d'une conscience collective menant à un nouvel ordre social, et sur l'organisation émergente d'une classe laborieuse révolutionnaire qui compte bien mener la vie dure aux entrepreneurs.
Cette lutte prend corps ici à travers les deux héros : Papa , un capitaliste endurci, et Bunny son fils, un privilégié aux idées radicales à tendance gauchiste.
Les deux figures vont s'opposer sans qu'il n'y ait pour autant de conflit majeur. Et là réside la force de ce roman, qui est de ne jamais montrer d'impasse à l'amour mutuel et au respect filial. le père et le fils, dans une recherche permanente de conciliation, vont suivre leurs chemins respectifs en acceptant leurs différences.
Rien n'est évident donc dans un monde réaliste où les idéologies, aussi vertueuses soient elles, ne se montrent pas moins sauvages et violentes que les systèmes qu'elles ont l'intention de renverser (la scène d'émeute dans l'un des derniers chapitres est d'une brutalité spectaculaire). Un livre cathartique qui prône la tolérance comme un étendard inaltérable, dépassant par là même les limites de la finitude des choses (les séances de spiritismes en sont l'illustration).



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