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Critique de Henri-l-oiseleur


Le puissant effet d'exotisme et le divertissement que procurent ces nouvelles sont assurés : en pleine Europe, en pleine Amérique, voici un peuple bavard, rêveur, aventureux, créatif, qui vit selon des valeurs et des mythes en décalage avec les nôtres et subit une condition humaine en grande partie différente de la nôtre, à cause de son exil. Pourtant, il faut savoir que Singer, qui après 1945 a conscience d'écrire dans une langue morte ou presque (mais, dit-il au jury Nobel quand le prix lui est décerné, son peuple a appris aux hommes la résurrection des morts), a traduit lui-même ses récits yiddish en anglais, et c'est de cette version anglaise que toutes les autres traductions, dont la nôtre, procèdent. En traduisant du yiddish à l'anglais, Singer a conscience de changer de public : il n'écrit plus pour des lecteurs juifs qui l'entendent à demi-mot, qui sont sensibles aux résonances de la langue à travers deux mille ans de culture juive, il traduit, donc adapte, ses textes à un public non-juif ou juif assimilé, ignorant ou oublieux des racines culturelles (hébraïques, araméennes, slaves) de sa littérature. Ce n'est donc pas le Singer original que nous lisons, mais le Singer qui s'est clairement adapté aux conditions nouvelles de son public, pour ne lui dire que ce qu'il est capable d'entendre. L'effet littéraire sera donc plus ouvertement exotique, mais sans doute moins profond que si nous étions capables de lire Singer en yiddish.
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