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Critique de le_chartreux


On entend parfois dire que la bande dessinée est un art mineur de la littérature...
Pures balivernes !
Il suffit parfois de tomber sur un seul dessin, une seule vignette, pour se rendre compte de la quantité d'informations qui prennent ainsi leur envol, voyagent et nous parviennent.
Certains grands maîtres chinois ou japonais passaient une vie entière à tenter de restituer l'âme d'un oiseau, d'une vague ou d'un volcan... Ce qui anime l'inanimé.
De même, le courant impressionniste a révolutionné au XIXe siècle la peinture en France puis ce mouvement pictural a inondé le monde pour les mêmes raisons...
Il y a parfois tant d'émotions nées d'un seul dessin qu'il serait nécessaire de noircir des pages entières de caractères s'il fallait tenter, ou même oser, en faire une honnête restitution.
Ce n'est ni le genre, ni le support ; livre ; album ; BD ; crayonnage ou toile de maître estimée qui font la qualité de l'oeuvre mais bien la densité et la véracité des émotions véhiculées.

Dans LE VOYAGE D'ABEL chaque chose possède son âme propre ; les arbres, la vieille ferme décrépite, les poteaux de châtaignier tors qui soutiennent tant bien que mal le fil barbelé afin de cerner champs et chemins. Mais aussi la neige dont le manteau lourd et glacial apporte la sérénité, étouffe les ragots, permet enfin une certaine forme de renoncement et invite la Mort à revenir roder, naturellement.

Dans le petit village d'Abel, il y a... un clocher, un bistrot et une place de marché.
Il y a son vieux chien fidèle qui prend des roustes plus souvent qu'à son tour et qui pardonne à son maître, toujours. Il y a ses deux vieilles carnes de vaches et puis ses brebis, et le temps qui passe.
Il y a aussi quelques personnages rougeauds accoudés au comptoir, d'autres au front et à la vue basse, et d'autres enfin, dignes et bons comme ce nouveau médecin Éthiopien qui a remplacé l'ancien.

Le voyage d'Abel c'est le voyage de toute une vie. Rester par obligation ou par déférence mais vouloir partir, secrètement, intensément. Vouloir voyager, tout quitter, voguer loin et en vouloir à ceux qui l'on fait.
Et partir quand même, mais en rêve.

Un album triste et beau.
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