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Critique de Vance


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Eh bien, les deux premiers tiers m'ont plu. Mais vraiment. La construction n'est pas neuve (le récit est partagé entre des faits se déroulant en 1986 - d'abord relatés dans des articles de journaux sommaires, puis dans les souvenirs de Shelley – et ceux du présent, eux aussi multipliant les points de vue ; pour ces derniers, nous passons de l'enquête de police menée par Michael Ormewood, flic blasé et ex-soldat préoccupé par la maladie mentale de son fils, à la même sous la houlette de l'agent Will Trent, grand gaillard peu loquace cherchant à masquer autant que possible ses complexes (il souffre d'une grande dyslexie et des séquelles psychologiques d'une enfance maltraitée), voire à l'investigation d'Angie Polaski de la Brigade des Moeurs locale, infiltrée dans le milieu des prostituées et ex-compagne de Trent. On y rajoute les parties impliquant John Shelley s'efforçant de se recréer une vie après 20 ans de réclusion pour viol et meurtre d'une mineure.
Schéma un brin compliqué, mais lisible et classique de ce type de roman. On s'attend donc à ce que tout ce beau monde se rencontre par le biais de liens plus ou moins artificiellement construits pour mener l'enquête à son terme. Et, bien entendu, on n'y manque pas. En outre, les révélations sont bien amenées, tombent juste et on se surprend dans les deux premiers tiers du livre à revenir régulièrement en arrière pour confronter les nouveaux éléments du récit aux détails parsemés auparavant, chose aussi agaçante (parce que ça retarde le cheminement de la lecture) que passionnante (car cela enrichit les personnages et le background).
Et puis j'aime cette façon d'écrire, de s'épancher sur des sentiments, des sensations, des émotions, de mettre au jour des caractéristiques mineures tout en faisant avancer l'intrigue. Et puis aussi, ce refus du didactisme évident : tout n'est pas expliqué noir sur blanc, les liens entre les indices et les déductions sont suggérés, amenés finement, laissant au lecteur le soin de les joindre définitivement. Si c ‘était du ciné, je vanterais le hors-champ et le non-dit. Ces ellipses m'ont enchanté, à vrai dire.

Du coup, la dernière partie m'a déçu, et surtout décontenancé. Si je peux admettre que la révélation attendue (mais qui est donc ce criminel ?) se fasse largement avant la fin, c'est pour que les derniers chapitres en remontrent du point de vue de la psychologie et de l'intensité – ou partent dans d'autres directions. Après tout, dans Twin Peaks, on sait très vite qui a tué Laura Palmer (premier tiers de la saison 2), mais l'intérêt se reportait ailleurs. Et là, le finale est étrangement conventionnel, sorte de course contre la montre pour sauver ce(ux) qui peu(ven)t encore l'être. Alors oui, c'est haletant, mais ça ne tient pas, à mon sens, les promesses d'un roman très riche, bien que construit sur des personnages presque caricaturaux (pas un qui n'ait un lourd passé de souffrances).
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Au final, un roman très agréable à lire, parfois passionnant dans ses enjeux et ses descriptions, mais un polar décevant. le style m'encourage tout de même à lire d'autres romans de l'auteur. C'est déjà ça.

Lien : http://journal-de-vance.over..
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