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Critique de Bookycooky


"De temps en temps, les liens de cause à effet entrent dans une période végétative. Surgissent alors des individus que nous appelons « Objets Alpha ». Aussi surprenant que cela paraisse, c'est d'eux que dépend le cours de nombreux, de très nombreux événements. Et pardonnez-nous de vous l'apprendre, Maxime Térentiévitch, mais vous êtes l'un de ces objets-là." Voilà, le livre débute par un offre de l'Etat à notre héros Maxime T. Ermakov de se tirer une balle dans la tête pour la simple raison qu'il est un objet Alpha, et vivant, il sera et va être la cause d'évènements tragiques.
Bien que refusant ce raisonnement délirant, mais ayant quand même conscience d'être doté d'un pouvoir indéniable, notre homme, à la pensée de la mince membrane entre la vie et la mort, se débarrasse de tout scrupules, règle ses neurones à sensibilité zéro, pour s'adonner à des occupations purement matérielles. Mais les choses vont se corser, devenant l'ennemi public numéro 1, sa résistance va être mise à rude épreuve, la nôtre aussi......

Dans cette image sombre de la Russie post-soviétique, utilisant l'absurde Slavnikova nous infiltre dans la machine étatique et les recoins de la société russe. La liberté de l'individu y compte pour des prunes, et l'Etat peut décider de faire porter le chapeau de n'importe quel désastre ou malheur, à qui bon lui semble, surtout à notre époque où avec internet embobiner les masses avec les « fake news  » est plus facile que tromper un enfant. Ici, c'est encore plus subtil. le Mensonge est diffusé sous forme d'un jeu vidéo qui s'appelle La Tête légère, le nom du personnage principal, qui n'est autre que notre Maxime Térentiévitch. Un support idéal pour encourager les gens à confondre jeu et réalité.

Satire féroce de l'Etat et de la société russe, qui tombe facilement dans ses pièges et où toute notion de liberté, responsabilité, innocence, justice, respect de la vie privée, tout mais tout y est viscéralement touché, violé.
Critique acerbe d'un pays qui échappé à la grande farce que fût le communisme avec ses illusions bidons tel le stakhanovisme (relaté ici à travers le fantôme de pépé Valéra, grand-père de " Tête légère "), tombe dans un "capitalisme sauvage", où celui qui attrape sa chance vole, pille et acquiert des fortunes en peu de temps, et ceux qui l'ont ratée traînent dans la misère, entre les deux des gens qui végètent, biberonnés à l'alcool.
Satire féroce à portée universelle de notre époque où ceux au pouvoir en général, sont prêt à tout pour pouvoir y rester, mentent comme ils respirent et les masses ignorantes y croivent et suivent comme des moutons ("Liberté, liberté ! Il n'y a pas de liberté sans pensée indépendante, sans la capacité de réfléchir par soi-même !")

Un texte brillant d'intelligence avec une fin surprenante, illuminé par une écriture puissante, une langue pétillante d'un humour féroce qui subjugue, grâce à une superbe traduction !
Attention les féministes, la Slavnikova n'est pas tendre avec les femmes ! ....ni avec les hommes.


"Nous vivons une époque où plus rien n'a de sens, ni l'amour, ni la richesse, ni la dignité, ni le patriotisme ".
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