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EAN : 9782375610237
448 pages
Mirobole (03/11/2016)
3.14/5   7 notes
Résumé :
Maxime T. Ermakov, publicitaire talentueux, est aussi détenteur d'une tête très particulière. Un jour, les agents d'obscurs services secrets sonnent à la porte de son appartement : son anomalie physique perturbant l'harmonie du monde, il doit se suicider au plus tôt, ce qui sauvera des millions de gens. On lui remet donc une arme en le priant de se conduire en patriote. Mais le suicide n'entre pas dans les projets de Maxime, et les agents doivent insister : ils hant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
"De temps en temps, les liens de cause à effet entrent dans une période végétative. Surgissent alors des individus que nous appelons « Objets Alpha ». Aussi surprenant que cela paraisse, c'est d'eux que dépend le cours de nombreux, de très nombreux événements. Et pardonnez-nous de vous l'apprendre, Maxime Térentiévitch, mais vous êtes l'un de ces objets-là." Voilà, le livre débute par un offre de l'Etat à notre héros Maxime T. Ermakov de se tirer une balle dans la tête pour la simple raison qu'il est un objet Alpha, et vivant, il sera et va être la cause d'évènements tragiques.
Bien que refusant ce raisonnement délirant, mais ayant quand même conscience d'être doté d'un pouvoir indéniable, notre homme, à la pensée de la mince membrane entre la vie et la mort, se débarrasse de tout scrupules, règle ses neurones à sensibilité zéro, pour s'adonner à des occupations purement matérielles. Mais les choses vont se corser, devenant l'ennemi public numéro 1, sa résistance va être mise à rude épreuve, la nôtre aussi......

Dans cette image sombre de la Russie post-soviétique, utilisant l'absurde Slavnikova nous infiltre dans la machine étatique et les recoins de la société russe. La liberté de l'individu y compte pour des prunes, et l'Etat peut décider de faire porter le chapeau de n'importe quel désastre ou malheur, à qui bon lui semble, surtout à notre époque où avec internet embobiner les masses avec les « fake news  » est plus facile que tromper un enfant. Ici, c'est encore plus subtil. le Mensonge est diffusé sous forme d'un jeu vidéo qui s'appelle La Tête légère, le nom du personnage principal, qui n'est autre que notre Maxime Térentiévitch. Un support idéal pour encourager les gens à confondre jeu et réalité.

Satire féroce de l'Etat et de la société russe, qui tombe facilement dans ses pièges et où toute notion de liberté, responsabilité, innocence, justice, respect de la vie privée, tout mais tout y est viscéralement touché, violé.
Critique acerbe d'un pays qui échappé à la grande farce que fût le communisme avec ses illusions bidons tel le stakhanovisme (relaté ici à travers le fantôme de pépé Valéra, grand-père de " Tête légère "), tombe dans un "capitalisme sauvage", où celui qui attrape sa chance vole, pille et acquiert des fortunes en peu de temps, et ceux qui l'ont ratée traînent dans la misère, entre les deux des gens qui végètent, biberonnés à l'alcool.
Satire féroce à portée universelle de notre époque où ceux au pouvoir en général, sont prêt à tout pour pouvoir y rester, mentent comme ils respirent et les masses ignorantes y croivent et suivent comme des moutons ("Liberté, liberté ! Il n'y a pas de liberté sans pensée indépendante, sans la capacité de réfléchir par soi-même !")

Un texte brillant d'intelligence avec une fin surprenante, illuminé par une écriture puissante, une langue pétillante d'un humour féroce qui subjugue, grâce à une superbe traduction !
Attention les féministes, la Slavnikova n'est pas tendre avec les femmes ! ....ni avec les hommes.


"Nous vivons une époque où plus rien n'a de sens, ni l'amour, ni la richesse, ni la dignité, ni le patriotisme ".
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Voici officiellement ma première « Alerte coup de coeur » pour 2017. Et oui, ça y est Mirobole a encore frappé! J'ai littéralement adoré cette lecture qui m'a fait passé par tout un tas de sentiments, de réflexions, de questionnements, et je sais d'avance que cette critique sera chaotique car je ne parviens pas clairement à dégager tout ce que ce livre a fait naître en moi. C'est comme une bourrasque littéraire dans mon esprit! Parce que La Tête légère est déroutant d'originalité. Olga Slavnikova nous propose un récit noir cynique et ironique où l'aspect fantastique ne vient qu'en toute petite touche pour souligner de nombreux travers de l'humain et de la société. Maxime Ermakov a [...]

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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Auparavant, à l’époque paisible et morose de l’Union soviétique, la ville était encore dotée d’un certain charme ténébreux, lié au brouillard, à la pluie et à la bruine incessante des jours de vacances. Plus tard, quand survint la perestroïka et qu’un petit groupe extrêmement restreint de citoyens se gava soudain d’argent dans cette capitale régionale, l’inauthenticité de l’endroit devint patente. Un cactus en plastique gigantesque semblable à un sapin boursouflé vint poser une tache verte à l’entrée du restaurant mexicain ; au-dessus du seuil du restaurant chinois, on fixa un fragment de toit recourbé à plusieurs niveaux, qui pointait, telle une branchie, du mur de béton usé. Une nouvelle curiosité fit son apparition : le casino. La nuit venue, des filets d’électricité colorée dessinaient dans l’obscurité un bâtiment surmonté d’une sorte de coupole et flanqué de deux petites ailes semi-circulaires, tandis qu’une fois le jour levé, on découvrait que toute cette beauté était miraculeusement supportée par l’ancien cinéma, si laid et si délabré qu’il avait à peine survécu au retapage cosmétique de sa façade.
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.....le pays tout entier vivait avec son propre fantoche, avec l’illusion gigantesque, grandeur nature, de l’URSS, dont l’entretien dévorait non seulement d’immenses ressources matérielles, mais également des vies humaines. Cette illusion était en quelque sorte un territoire contigu où le soleil brillait d’un éclat plus vif, où les jeunes voyaient un chemin s’ouvrir devant eux et les vieux avaient droit au respect, où les blés se dressaient en murs compacts dorés à l’or fin, où un vieux kolkhozien édenté et couvert de rides vissait précautionneusement un récipient de verre –une ampoule d’Ilitch –qui s’allumait soudain tel un oiseau de feu dans sa main rabougrie. Dans la vraie vie, avec ses champs de céréales avares et piquants, ses routes défoncées, ses petites villes bossues, le fantoche transparaissait surtout sous forme de tissu rouge délimitant son territoire, et aussi de haut-parleurs noirs, qui hurlaient accrochés au faîte des poteaux ; les drapeaux rouges ornés de la serpe et du marteau étaient en réalité les emblèmes d’un autre État –qui n’existait pas mais n’en était pas moins étranger. Cependant, c’était avec un plaisir non feint, voire de l’enthousiasme, que les habitants de l’ingrate réalité soutenaient l’existence du fantoche dont ils se sentaient les futurs citoyens.
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—Mon peuple m’a trahi, .....Le peuple est fautif. Seulement, on n’a pas moyen de le lui démontrer. Au début de la perestroïka, on a essayé, ça n’a pas marché et on est passé au concept de la culpabilité des hommes de pouvoir. Et en Occident, ce serait beaucoup mieux ? Là-bas, on fait un meilleur lavage de cerveau aux citoyens que chez nous à l’époque soviétique. Les gens ne veulent entendre parler de rien qui ne confirme leurs certitudes confortables. Liberté, liberté ! Il n’y a pas de liberté sans pensée indépendante, sans la capacité de réfléchir par soi-même ! On ne la trouve nulle part. Et par ailleurs, la liberté, c’est une chose malcommode, notre cher Individu Commun ferait bien de se rentrer ça dans le crâne !
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Une actualité, ça vaut cher. Trè-ès cher ! Une actualité, ça requiert de gros investissements. Prends le meilleur exemple de notre époque, les avions de ces cons d’Al-Qaïda qui ont foncé dans les tours jumelles. Faisons les comptes : plusieurs années pour préparer l’attentat ; on entraîne les fanatiques, on les abreuve, on les nourrit ; à quoi on ajoute le coût des deux Boeings, des deux gratte-ciel, de tout ce qu’il y avait dedans, plus le putain de grand nombre de victimes. Plus les conséquences. Le 11 septembre, Bush a ordonné à tous les avions survolant les États-Unis de se poser et de rester collés au sol. Donc ils se sont posés et sont restés collés au sol. Ça aussi, ça coûte de l’argent ! Évalue à la louche combien de fric a pompé cette hyper-mégaactualité ?
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À moi tout seul, je défends les droits de l’individu humain contre la machine de l’État. Et du point de vue de ces droits-là, savoir si cet individu est un héros, un génie ou un être lambda n’a aucune espèce d’importance. Si ça se trouve, vous êtes trois fois Héros de la Fédération de Russie, mais moi, je m’en contrefous. La liberté d’un individu tient au fait qu’il est pour lui-même la valeur suprême.
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