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Critique de Presence


Ce tome regroupe les 8 épisodes de la série écrite par Dan Slott. Ils sont initialement parus en 2006, avec des couvertures réalisées par Andrea di Vito & Laura Villari. Les épisodes 1 à 5 ont été dessinés et encrés par Andrea di Vito. Les épisodes 6 à 8 ont été dessinés et encrés par Kieron Dwyer. La mise en couleurs des 8 épisodes a été réalisée par Laura Villari.

Ben Grimm fut une star de l'équipe de football de son université, un pilote de chasse émérite, et le compagnon de Reed Richards, Susan Storm et Johnny Storm pour un vol spatial au cours duquel ils furent transformés par les rayons cosmiques. Présentement, il est en train de se battre contre une créature métallique géante avec l'aide de Goliath (Bill Foster). le combat ayant occasionné de nombreux dégâts matériels et quelques blessures bénignes, de nombreux civils viennent réclamer des dédommagements à La Chose. Même Goliath essaye de lui soutirer un investissement financier pour un prototype. Effectivement, Ben Grimm dispose de la jouissance d'un quart de la fortune des Fantastic Four. de son côté, Alicia Masters s'est mise en couple avec l'architecte Arlo North, et elle apprend dans le journal du matin que Ben Grimm s'affiche avec l'actrice Carlotta LaRosa. Ben se réveille dans les draps de soie de son lit, dans son appartement privé de 3 étages, avec vue sur Central Park. Il retrouve Carlotta en dessous chics dans la salle de bain. Elle lui annonce qu'elle a organisé une soirée en son honneur (avec ses sous). Pendant la fête, Brynocki apparaît et tous les invités finissent à Murderland, le royaume d'Arcade, y compris Kyle Richmond (Nighthawk) et Frank Payne (Constrictor).

Après cette première aventure, Ben Grimm doit garder ses 2 neveux le temps d'une soirée. Ils reçoivent la visite de Lockjaw, le chien téléporteur des Inhumains. Ben Grimm en profite pour emmener tout ce petit monde dans une loge privée pour regarder les courses de chevaux. Suite à un accès de nostalgie, Ben Grimm se rend à Yancy Street où il est pris à partie par Hiram Sheckerberg qui lui rappelle sa promesse : venir servir d'homme à tout faire dans sa boutique de prêteur sur gage dans la rue de Yancy. Il finit par se heurter à Sandman (Flint Marko) et Trapster (Pete Petruski). Heureusement, il peut compter sur l'aide de Spider-Man (Peter Parker). Pour son anniversaire, Ben Grimm emmène Alicia Masters en 100 avant JC où elle rencontre Alexandros d'Antioche et admire sa célèbre statue. Enfin, le temps est venu pour une partie de poker d'anthologie, avec Hercule, Constrictor, les Great Lake Avengers (enfin, les Great Lake Champions), sans oublier Squirrel Girl (Doreen Green) et une vingtaine d'autres superhéros. Il est également question d'une cérémonie religieuse importante.

En 2006, Dan Slott n'a pas encore pris en main la destinée de Spider-Man ou d'autres superhéros comme Silver Surfer. Il hérite donc d'une série sur The Thing, qui s'arrête en moins d'un an. Étant devenu un scénariste populaire par la suite, l'éditeur en profite pour rééditer ses oeuvres précédents. le lecteur est assez impressionné par la couverture, avec la posture qui fait bien ressortir la carrure de The Thing, ses petits yeux bleus, la texture rocailleuse de son épiderme, ainsi que la posture à la fois très professionnelle, mais aussi un peu amusée. Les couvertures suivantes conservent ce dosage élégant entre la puissance physique du superhéros, et une touche discrète d'amusement, que ce soit Constrictor et Nighthawk très tendus derrière la silhouette massive de Thing, les différents Hulk essayant de submerger Thing par leur nombre, la dignité de Grimm mise à mal par Valeria, Franklin et Lockjaw, le luxe de ses habits en total décalage avec la pauvreté de Yancy Street, Thing imitant la posture de Spider-Man au bout de sa toile, le peintre représentant le combat entre Hercule et Thing, ou encore les nombreux superhéros observant la partie de poker. Dan Slott sait conserver cette touche légère d'autodérision dans les différentes aventures. le lecteur retrouve avec plaisir ce bon vieux Ben Grimm, un peu râleur, régulièrement ridiculisé par les circonstances, avec un coeur gros comme ça.

De fait, Ben Grimm apparaît comme un individu avec une personnalité bien établie, générant une forte empathie chez le lecteur. Au travers de ses décisions, de ses réactions, de ses remarques, le lecteur retrouve le gugusse un peu bourru par moment, issu de la rue avec des valeurs morales bien claires dans sa tête. Dan Slott ne verse pas dans la facilité quand il montre Ben Grimm faire un usage très basique de sa fortune, avec des vêtements de luxe, une poule à chaque bras (ou presque), une grosse bagnole et un chauffeur femme. Il montre un individu avec des goûts simples, utilisant son argent pour un confort matériel immédiat. Cela ne l'empêche pas d'en faire profiter ses proches ou des individus dans le besoin s'ils croisent sa route. Ben Grimm n'est pas à la recherche du bling-bling pour épater la galerie et faire son m'as-tu-vu. Bien sûr, le lecteur se doute bien que l'enjeu de cette série est de ramener Ben Grimm à ses valeurs profondes et de lui faire ouvrir les yeux sur le fait que l'argent ne fait pas le bonheur. C'est d'ailleurs ce que fait Reed Richards de manière très directe en mettant à contribution ses 2 enfants. C'est bien sûr ce que fait le scénariste en envoyant Ben faire un tour dans Yancy Street, et en le rapprochant d'Alicia Masters.

Dans le même temps, Dan Slott se tient à distance de la solution de facilité qui consisterait à faire rendre les rênes de son argent par Ben Grimm, au profit des Fantastic Four. Malgré tout, il ne se fatigue pas trop pour le premier ennemi : Arcade enlève des civils et Ben Grimm doit affronter tous les pièges un par un pour leur sauver la mise. Miss Locke et Mister Chambers sont bien sûr de la partie, mais c'est Brynocki qui leur vole la vedette, avec des dessins d'Andrea di vitto qui joue sur son aspect mignon. Les épisodes 4 à 6 et 8 reposent également sur des éléments attendus comme la garde des neveux, le retour à Yancy Street et la partie de poker. Pour autant, Dan Slott sait utiliser ces éléments attendus à bon escient, mettant en scène l'amour du tonton pour les enfants avec une petite couche supplémentaire du chien reconnaissant, l'amour vache des voyous de Yancy Street, mais aussi l'attention bienveillante d'Hiram Sheckerberg et l'amitié des membres de la communauté des superhéros. Tout du long, Ben Grimm se conduit comme un individu intègre, honnête et droit. le lecteur peut y voir comme un hommage à son créateur, Jack Kirby.

Dan Slott sait ajouter quelques ingrédients choisis avec soin dans l'univers partagé Marvel. Il y a l'intrigue inattendue et farfelue de l'épisode 7, avec la première rencontre entre Thing et Hercule. Il y a quelques apparitions rapides et pertinentes, comme celle de Daredevil, ou celle de Damage Control (l'entreprise chargée de déblayer les décombres après les dégâts causés par un affrontement entre superhéros et supercriminels). Il y a un ou deux clins d'oeil savoureux comme le teeshirt d'Hercule qui reprend les initiales de Damage Control (DC). Les dessins d'Andrea di Vitto sont très agréables à la lecture. Il réalise des cases descriptives avec un bon niveau de détail, et encrage discrètement arrondi. The Thing est massif et parfois un peu pataud, sans exagération. Son visage est expressif comme il faut, avec quelques moues enfantines qui reflètent bien le caractère dépourvu de malice de Ben Grimm. le dessinateur sait utiliser les conventions des comics de superhéros avec à propos, que ce soit la robe révélatrice de Carlotta LaRosa mettant bien ses courbes en valeur, ou l'aspect de gros monstre inoffensif de Lockjaw, ou encore les efforts physiques insoutenables de Constrictor. La mise en couleurs de Laura Villari renforce la texture et le relief des surfaces détourées par l'encrage. Avec le passage à Kieron Dwyer, les dessins perdent 2 ou 3 degrés de nuances. Son encrage des traits de contour est moins lissé, aboutissant à une apparence moins agréable à l'oeil, un peu plus fruste. Il en va de même pour les décors qui perdent 1 ou 2 degrés de détails. Toutefois Ben Grimm conserve son entrain, à la fois dans ses postures et dans l'expression de son visage. D'un côté les dessins donnent une impression plus naïve ; de l'autre côté, cela permet à l'artiste de plus facilement mettre sur le même plan graphique toute la ribambelle de superhéros hétéroclites du dernier épisode, comme Squirrel Girl et Flatman (Matt).

Au cours de ces 8 épisodes, le lecteur éprouve la sensation de retrouver un vieil ami perdu de vue : Ben Grimm. Il se retrouve partagé entre le plaisir de voir qu'il dispose d'une grande aisance financière, et le risque que cela lui monte à la tête et le transforme. Les intrigues et les supercriminels ne sont pas tous très originaux, mais le scénariste et le dessinateur savent en respecter l'essence et les utiliser de telle sorte à faire ressortir le caractère de Ben Grimm et des personnages secondaires. 4 étoiles pour des sympathiques et chaleureuses retrouvailles avec un personnage qui a conservé les traits de caractère de son créateur Jack Kirby, soit un bel hommage qui lui est rendu par Dan Slott, Andrea di Vito et Kieron Dwyer.
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