Ils étaient semblables à des conducteurs de vieilles locomotives à vapeur, tellement concentrés sur le pilotage de leur antiquité que cela les rendait incapables de distinguer le TGV les dépassant à folle allure.
les gouvernements semblaient totalement dépassés, incapables de mesurer l’ampleur des avancées technologiques, complètement largués, enfermés dans des schémas du passé.
On aurait pu croire que le monde politique allait prendre à bras-le-corps ces informations de première main, afin d’anticiper les choses et de s’assurer que l’intégration de ces technologies par la société civile se fasse le plus en douceur possible. Jouer leur rôle, en somme…
Rien de tout cela
sa vie professionnelle depuis quelques mois (...)pouvait se résumer ainsi : une succession de réunions d’information auprès des instances politiques de divers pays, afin de tenter de leur expliquer les implications concrètes des prodigieux développements informatiques en cours chez Terastar et dans d’autres sociétés de pointe.
Sergueï Klimov, lui avait simplement mentionné qu’une personne souhaitait discuter avec lui au bar de l’hôtel où Patrick résidait, et qu’il comptait sur lui pour être présent à ce rendez-vous. Rien d’autre.
Bien entendu, cela rajoutait un peu de piment à la situation : rencontrer quelqu’un d’inconnu pour discuter d’un sujet qui l’était tout autant, voilà qui donnait quelque relief à ce qu’était devenue sa vie professionnelle depuis quelques mois
Personne d’autre dans le bar : il était donc le premier arrivé au rendez-vous.
Chaque fois qu’il se trouvait dans cette situation, cela l’amusait d’essayer de deviner, parmi les clients entrant dans la pièce, lequel serait l’interlocuteur avec qui il avait rendez-vous.
C’était le cas : un courrier électronique de son patron, Sergueï Klimov, lui avait simplement mentionné qu’une personne souhaitait discuter avec lui au bar de l’hôtel où Patrick résidait, et qu’il comptait sur lui pour être présent à ce rendez-vous. Rien d’autre.
Patrick Doyle pénétra dans le bar de l’hôtel et s’immobilisa quelques instants, son regard parcourant l’imposante pièce. La première chose qui accrochait l’attention était l’invraisemblable lustre décoré d’une multitude de petits objets lumineux, dispersés dans une sorte d’entrelacement de lianes. L’aspect esthétique était discutable, mais cela faisait son effet. Enfin quelque chose sortant de l’ordinaire des hôtels de chaînes internationales…
À force de les fréquenter, le chef des projets spéciaux de Terastar s’était parfois surpris à admirer la manière dont chacun de ces établissements s’efforçait de donner le sentiment d’être unique, alors que l’impression générale était toujours identique.
Il se revoyait, jeune homme frétillant, parcourant à cheval le domaine familial en compagnie des métayers, saluant au passage les paysans et les artisans avec qui sa famille formait une sorte de communauté : rien ne semblait alors jamais pouvoir ébranler ce monde simple, ordonné, équilibré.
Paris, France : 8 mai 1794 […] Il se revoyait, jeune homme frétillant, parcourant à cheval le domaine familial en compagnie des métayers, saluant au passage les paysans et les artisans avec qui sa famille formait une sorte de communauté : rien ne semblait alors jamais pouvoir ébranler ce monde simple, ordonné, équilibré. Sa région était prospère, une province agricole alimentant Paris en blé et surtout en viande : près de six cents têtes de bétail par jour !
Il soupira longuement.
En quelques années, tout cela avait été balayé par un vent de folie furieuse, ne laissant que désolation, cadavres et incertitudes. Tout semblait avoir débuté par la mauvaise récolte de 1788, suivie par un hiver d’une grande rigueur : les fleuves étaient gelés, les vignobles détruits, et les populations des villes et campagnes plongées dans la famine et la misère.