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Critique de mollymonade


Les ancêtres de Sarah Smarsh se sont installés sur le sol américain au début du XIXe siècle et ont planté leurs racines dans la prairie du Kansas quand le gouvernement a offert une soixantaine d'hectares de terre aux immigrés qui avaient déposé une demande de citoyenneté .
Au fil du temps rien n'a pu les en chasser, ni les flèches des Pawnees, pas plus que le dust-bowl ou encore la Grande Dépression. En raison de leur profond attachement à cet endroit paumé, les générations de Smarsh ont continué à s'y succéder car même si l'argent vient à manquer leur besoins de base sont toujours satisfaits. Ce sont des travailleurs acharnés qui savent construire, faire pousser des légumes et chasser. Ils arrivent toujours à manger et avoir un toit.
L'auteur retrace leur histoire depuis celle de ses arrières grand-parents jusqu'à la sienne. C'est le récit d'un monde de précarité, de dur travail agricole et manuel sous-payé, de vies domestiques chaotiques, d'une pauvreté profonde et cyclique transmise de génération en génération. Sans dénigrer ni s'apitoyer, elle décrit un milieu où les hommes sont souvent portés sur la boisson et violents avec leurs épouses, les mères pas bien tendres avec leur progéniture, les enfants crasseux mais pas plus malheureux que les autres. A travers leurs portraits on sent poindre toute sa tendresse envers ces gens rudes, ces "bouseux" en santiags qui sont les siens.

Véritable immersion chez ces gens embourbés dans le fossé toujours plus profond qui sépare le rêve américain de la réalité, Hearland se lit à la fois comme le simple récit d'une vie de pauvres qui ont du mal à survivre mais aussi comme une critique sociale de la structure économique de l'Amérique du Nord et ce mélange des genres rend la lecture particulièrement agréable.
De façon assez originale Sarah Smarsh ancre son histoire familiale dans le contexte socio-économique et historique du pays tout en y introduisant une note purement littéraire lorsqu'elle s'adresse à une enfant imaginaire. Celle qu'elle aurait eue si elle n'avait pas décidé de briser le cycle de la maternité précoce qui touche les femmes de sa famille. Ce qui lui permet de ne pas finir femme au foyer mais d'être la première Smarsh à terminer ses études secondaires et à obtenir un diplôme universitaire.

Après avoir eu des coups de coeur successifs pour Alto Braco et Des orties et des hommes, j'ai été ravie de pouvoir poursuivre mon exploration du monde rural grâce à la masse critique non fiction.
Je remercie donc Babelio et les éditions Christian Bourgois pour cette nouvelle belle découverte.
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