AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de RockyRacoon


Marilou est fascinante mais Marilou est absente. Et c'est peut-être précisément parce qu'elle est absente qu'elle est si fascinante.
La narratrice nous explique dès les débuts du roman avoir toujours été fascinée par Jude (Marilou), mais les raisons de cette fascination restent assez floues pour le lecteur. Oui Marilou est belle, elle semble être intelligente, elle vient d'une famille aisée, avec une mère excentrique… néanmoins, pour le lecteur, Jude n'apparaît pas si extraordinaire, plutôt une chouette adolescente, certes assez mature mais sans qu'un signe particulier ne la fasse apparaître incroyable au point de souhaiter usurper son identité. Plus nous avançons dans la lecture, plus nous en apprenons sur Cindy, la jeune narratrice, et les raisons de sa fascination pour la jolie Marilou semblent peu à peu plus évidentes. Elle envie une aisance en société qu'elle ne possède pas, la capacité à avoir une relation flamboyante avec son frère aîné, seul point d'ancrage solide de Cindy, qui aime son grand-frère plus que tout mais ne lui parle que très peu, elle jalouse une vie cultivée, une popularité, un avenir… elle qui est coincée dans une maison sale au bord de la route, sans repères autres que de compter les voitures qui passent au cours d'une journée.
Ce roman nous met mal à l'aise, le personnage de Cindy est très complexe, la jeune fille est en permanence dans une ambivalence de sentiments, à l'égard de ses frères, de sa mère, de Marilou, d'elle-même…
Elle ne peut compter que sur son frère aîné mais le laisse disparaître à son tour sans chercher à le joindre, elle déplore l'absence matérielle et physique de sa mère mais la méprise au plus haut point, elle craint son deuxième frère mais sympathise avec sa petite-amie… Quant à Marilou, elle l'admire, elle souhaiterait l'aider, elle voudrait en faire une amie, mais se glisse dans ses draps et lui vole sa vie.
Malgré ce malaise persistant, ce roman est finement écrit, les personnages sont magnifiques de complexité et de contradictions et nous nous attachons à Cindy et ses complexes, ses appréhensions, sa nonchalance, son apparente soumission au monde qui contraste avec ses pensées acerbes…
Ce roman rayonne d'une lumière très solaire, trop solaire, une lumière sous laquelle les choses apparaissent presque trop crument pour être parfaitement discernées. Comme si chacun, chaque chose, chaque pensée était surexposée. Comme si nous avions regardé trop longtemps le soleil, pour se gorger de lumière, jusqu'à ne percevoir plus que des ombres et des silhouettes.
Il en ressort une impression de saut dans l'intime, une sensation de douche froide, comme d'avoir plongé dans un bassin trop froid par une journée trop chaude, lorsque l'on espère que l'eau fraiche nous réveillera, mais qu'elle ne nous laisse finalement qu'un goût de vase acre…
La subtilité des personnages de ce roman m'a énormément plu.
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}