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Critique de llamy89


Comment aborder un tel roman ? Sol Elias relate une histoire impressionnante par la justesse de l'écriture, la construction efficace, des chapitres courts qui donnent de la tension, une angoisse sourde face à la description du quotidien du malade : la schizophrénie.

Anaël, gamin perturbé par trop d'émotions d'abord, un environnement familial étouffant avec une mère-louve ultra-protectrice et un père laborieux, pétri de principes, exclu de cette relation trop fusionnelle à son goût. le récit nous est relaté de l'enfance à sa mort prématurée.

Une adolescence rendue plus difficile encore par ses relations compliquées à la mère. La vie à la marge, Anaël qui devient Manuel, entre lucidités et étrangetés des situations perçues au travers de la maladie. Tout est décrit de manière que le lecteur comprenne mieux les effets de la maladie puis d'une psychiatrie abrutissante sur le malade.

On sent la frustration de Manuel face à la maladie, son souhait de vivre une vie de "normale" : une femme, un appartement, un chien... son impuissance à canaliser la violence de ses réactions, son enfermement dans la maladie, son isolement, sa marginalité, ses petits suicides. Une vie entre pensées cohérentes et incohérentes, destructrice pour lui, ses proches.

Jusqu'à transférer à Soledad, sa nièce, son questionnement, ses petits papiers, héritage à décrypter. Il y est question d'hérédité génétique, de celle de l'histoire à porter. de poésie et de violence qui s'apaise auprès de cette petite-nièce qui le trouve excentrique, différent, avec lequel elle rit beaucoup. Sol ne juge pas, "elle n'a pas encore le regard lavé" !

Il est également question du poids à porter pour les familles, de la culpabilité de ceux dits "normaux" qui vivent dans l'ombre des malades comme Ana-Sol, la petite soeur.

Ce roman est captivant par le biais choisi pour parler d'une maladie terrible avec humanité, une intensité qui vous empêche de décrocher d'une histoire dérangeante. La différence fait peur, si peu qu'elle soit habitée de sentiments violents, irrépressibles. L'écriture de l'auteure est puissante, aimante pour le personnage, enveloppante pour le lecteur, accompagne Manuel jusqu'à l'épilogue de son histoire tragique. Un premier roman perturbant, fascinant tout à la fois, pour désapprendre à juger peut-être...
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