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Critique de lillou


Dans le Tarbouche, son premier roman, paru en 1992, Robert Solé retrace l'histoire d'une famille chrétienne dans l'Égypte de la première moitié du XXe siècle.
Alter ego évident de l'auteur, le narrateur, Charles, est né au Caire en 1945 où il a vécu jusqu'à l'âge de 18 ans.
En mêlant les innombrables récits qui animent les réunions dominicales, les carnets de son oncle Michel, et ses propres souvenirs, il reconstitue l'histoire de sa famille, et plus particulièrement celle de sa mère – les Batrakani. le personnage pivot, dont on découvre les ancêtres et les enfants, est son grand-père Georges Batrakani, personnage flamboyant qui, grâce à son ingéniosité et son audace, a su se faire une place au sein de la bonne société cairote.

À travers cette saga familiale, c'est surtout l'histoire de l'Égypte – et du Caire aisé – que l'on entrevoit : le protectorat britannique, la fascination pour la France, les élites vivant dans leur bulle, les crispations nationales et l'animosité à l'égard des étrangers (dont les « Syriens » comme les Batrakani, arrivés à Alexandrie fin XIXe), le nationalisme croissant (à travers de petites choses comme le choix d'un prénom arabe pour son enfant), le déclin du roi Farouk, l'arrivée de Nasser, les nationalisations, etc.
Mais les histoires personnelles sont tout aussi intéressantes, et la matière est dense avec ces nombreux personnages contrastés : histoires d'amour bien sûr, comme celle des parents de Charles, histoires professionnelles, comme la fameuse entreprise de tarbouches que crée le visionnaire Georges Batrakani, histoires de religions également…
Le Tarbouche se termine alors que Charles et ses parents, comme beaucoup de chrétiens, font le choix de quitter le pays : choix économique certainement, mais aussi choix politique et désir de retrouver une liberté (et souvent une aisance) perdue… en tout cas, choix déchirant le plus souvent.

J'ai une sensibilité certaine à ce sujet et que, outre la qualité du roman, j'ai particulièrement aimé y retrouver des souvenirs et anecdotes similaires à ceux ayant bercé mon enfance et mon adolescence. Cette parenthèse uniquement pour expliquer un éventuel manque d'objectivité : tout le monde ne sera pas aussi charmé que moi par l'évocation des repas de molokheya ou du quartier d'Héliopolis (ex-oasis, aujourd'hui banlieue) !
Mais, quoi qu'il en soit, le Tarbouche est un très beau roman, mêlant avec finesse la petite et la grande histoire, et porté par la nostalgie d'un pays qui n'est plus.


Lien : http://monbaratin.blogspot.c..
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