AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de HolyBrius


On savait que notre époque était capable de produire un certain nombre de terreurs et de catastrophes innommables, réchauffement de la planète, massacres de masse, enlèvements, épidémies inconnues, attentats géants, retour des Talibans, etc. Elle a aussi enfanté le dernier livre d'I. Soler.

À la lecture, on en reste longtemps halluciné par cet écrit, comme Alice devant le sourire en lévitation du Chat de Chester, quand le Chat lui-même s'est volatilisé et que seul son sourire demeure suspendu entre les branches d'un arbre. On tourne autour, on cherche derrière, il n'y a plus personne, il n'y a jamais eu personne. Il n'y a rien, ou plutôt il n'y a que ce sourire qui, comme les mots de ce roman, boit du petit-lait, très au-dessus des affaires du temps, indivisé en lui-même, autosuffisant et autosatisfait.

Disons-le tout net, c'est un roman d'épuration. C'est un roman qui pointe du doigt la dualité tuante et humaine entre Bien et Mal (comprendre le mâle) de laquelle seraient issus tous nos malheurs, tous nos bonheurs, tous nos événements, toutes nos vicissitudes.

C'est un roman « du jour d'aujourd'hui » comme certains aiment à le dire, avec une écriture que vous pouvez retrouver au petit matin dans la cour de votre immeuble, en train de traquer de son oeil vengeur les encoignures suspectes de l'Histoire, de la vie quotidienne et des gens. Une « littérature » trempée dans la moraline qui fait fi de la vie dans sa complexité, ses ambivalences, ses nuances, et son clair-obscur.

C'est un roman sans imagination et sans talent d'expression, bourré de lieux communs, de platitudes et de poncifs*. Mais c'est surtout, sous la plume benêt(e) et naïve de l'auteur, un roman qui permet d'esquisser le portrait d'un artefact d'écrivain.

C'est, puisqu'il faut aujourd'hui tout féminiser, le roman d'une écri-vaine.

---------


*À contre-pied d'un petit comité de lecteurs dociles et appointés (trop unanime, complaisant et laudateur pour être honnête), on pourra se faire une idée du style (et des caricatures dignes d'un plus Belle la vie d'époque) en comparant ces deux brèves descriptions de Marseille.

« Elle découvrit ce port de bandits et de filles de joie, le quartier du Panier, ses petites frappes en terrasse, la Gauloise aux lèvres et les voitures qui se croisaient en klaxonnant, les injures toutes volées dehors, comme une fierté. Elle adora cette ville et son arrière-pays qui craquelait sous la chaleur. » Isabelle Soler

« Elle avait tout aimé de Marseille, la bruyante rue Longue-des-Capucins aux victuailles étalées et criées, la halle aux poissons et ses gaillardes fortes en gueule, la rue de Rome, la rue Saint-Férréol, la Canebière, le Vieux-Port, les étroites rues patibulaires et cordiales où circulaient dangereusement, déhanchés, des messieurs félins et grêlés de variole.“ Albert Cohen
Commenter  J’apprécie          02







{* *}