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Critique de Ogrimoire


Il est difficile d'avoir un avis univoque sur ce livre. Je n'ai pas aimé ma lecture, mais je trouve ce livre important. Je vais essayer d'expliquer cela…

L'organisation, d'abord. On fait des allers-retours dans le temps, entre « Dans l'Est, autrefois » (milieu des années 90) et « Dans l'Est, à présent » (de nos jours, donc). Et, dans chaque partie, les paragraphes sont nommés selon leur personnage principal, mais tels qu'ils ne sont jamais nommés réellement : dans le texte et les dialogues, nous avons leurs noms et leurs surnoms (assez nombreux et pas toujours reconnaissables, ce qui donne parfois un certain flou), mais, dans les titres de chapitre, c'est uniquement leur rôle : « le procédurier », « le Général », « le tueur », « la victime », « le père », « le journaliste », « le passeur », « la procureure », « le mafieux », « le rabatteur », « le passeur », « le juge »… Et, puis, tout d'un coup, « le canari qui a bouffé le chat »…

Certaines scènes m'ont parues en décalage, je ne comprenais plus qui faisait quoi et pourquoi. Forcément, cela n'aide pas à suivre le fil… Donc, du strict point de vue de l'histoire, j'ai eu du mal à me raccrocher à une trame claire.

Pourtant, j'aurais envie que chacun de nous lise ce livre. Parce qu'il nous dit, je crois, des choses importantes sur notre vie, sur notre société. Nous qui trouvons – ou qui nous laissons dire – que notre société est hyper violente, nous vivons sur un nuage. Et il n'y a pas besoin de faire 15 000 kilomètres, ou de changer de galaxie, pour trouver tellement pire… Non, à 1500 kilomètres de chez nous, à 15 heures de route, donc, il existe des sociétés auxquelles nous ne survivrions pas !

De la même façon, ce livre illustre de façon terrifiante l'idée selon laquelle si les animaux tuent, ce n'est jamais par plaisir, alors qu'il se trouve toujours quelqu'un, parmi les hommes, pour torturer, violer, avilir, pour le simple motif qu'il peut le faire. Et on peut toujours trouver pire : plus violent, plus dégradant, plus sale, plus monstrueux. L'imagination humaine n'a aucune limite.

L'arnaque aux allocations, qui nous est présentée, apparait du coup presque gentillette, et ce qui nous semble révoltant n'est pas que des roms viennent de Slovaquie jusqu'en Belgique, par exemple, par taxis entiers pour toucher des allocations, mais plutôt que ce trafic soit organisé par des réseaux mafieux qui en récupèrent finalement l'essentiel… Et la pauvreté est telle qu'il n'est pas possible de condamner ceux qui trafiquent, pratiquent la contrebande, volent pour survivre. Mais, ce faisant, ils participent de tout un système qui ne vit plus que de cela.

C'est noir, c'est glauque, c'est désespérant. Il n'y a donc rien à sauver de l'espèce humaine ? Parce que personne n'est vraiment tout blanc, dans cette histoire. Pour s'en sortir, il faut se blinder, quitte à en écraser de moins forts que vous.

Je n'ai pas envie de recommander ce livre. Mais je le crois pourtant important. Rien à faire, je reste dans cet entre-deux…
Lien : https://ogrimoire.com/2020/1..
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