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Critique de SophieLesBasBleus


Dès les premières pages, on pressent toute l'ironie du titre et que de tendresse il ne sera guère question dans le roman de Soluto. S'il parle d'amour, comme dans la chanson dont le titre est issu, ce ne sera que pour en exprimer le manque et les dévoiements. le mail qu'écrit Eugène à Barbara, son épouse depuis 20 ans, décrit en effet davantage le désamour et l'indifférence routinière installés insidieusement dans leur couple que le sentiment brûlant d'un amour partagé. "Quittons-nous enfin" suggère-t-il à sa femme, en voyage à Berlin avec un groupe de lycéens et un collègue amoureux transi de cette élégante professeur d'histoire. Ce message qu'Eugène hésite finalement à envoyer allume une mèche qui va faire exploser cette famille apparemment modèle.
Et c'est à un véritable jeu de massacre que se livre l'auteur avec une histoire qui surfe sur l'air du temps en en accentuant tous les travers et les dérives. Manipulés par leurs enfants, par leur patron, par leur maîtresse ou leur amant d'un soir, victimes des réseaux sociaux et des nouvelles technologies, Eugène et Barbara perdent peu à peu tout contrôle sur leur existence et assistent à l'effondrement spectaculaire de leur cellule familiale. Chacune de leur décision apporte de nouvelles dégradations à la situation au lieu de l'arranger et la chute paraît inexorable et de plus en plus funeste.
Les mésaventures conjugales et extra conjugales d'Eugène, l'aveuglement des parents face à la réelle personnalité de leurs deux enfants, l'avalanche de problèmes qui menacent d'engloutir le couple, pourraient être d'une drôlerie grinçante à la manière des comédies italiennes des années 70. Cependant, la veulerie des personnages, leur manque de lucidité et leur ridicule les conduisent à vivre des situations scabreuses sans pour autant susciter la moindre sympathie ou compassion. Ce choix délibéré de la cruauté m'a mise mal à l'aise car il n'est pas mis à distance par une écriture qui laisserait place au rire, à l'humour noir des comédies susdites. Un malaise alimenté aussi par une écriture dont l'hétérogénéité de registre m'a souvent paru pour le moins maladroite : d'une part l'emploi flottant et pour le moins hasardeux de l'imparfait du subjonctif alourdit le récit ; d'autre part, cet emploi entre en contraste peu probant avec le langage bas utilisé pour décrire certaines situations avec crudité. La fluidité du récit souffre, à mon avis, de ces choix linguistiques. Enfin, la pirouette finale qui permet de clore les différentes intrigues sans véritablement y apporter un dénouement m'a laissé l'impression d'un roman plutôt inabouti.
Pour résumer, c'est une lecture qui ne m'a pas vraiment déplu mais qui m'a laissée sur ma faim et dont je ne garderai sans doute pas un souvenir saillant.
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