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Critique de domi_troizarsouilles


Voici un énième livre que j'ai choisi dans le catalogue de la bibliothèque de ma commune, sans le chercher en particulier et sans trop savoir à quoi m'attendre. Mais la couverture est mignonne (sans être exceptionnelle), et puis Vivaldi quoi ! Je suis fan de ce compositeur depuis l'enfance – qui baignait dans une ambiance de musique classique, entre une maman elle-même musicienne et un papa mélomane. Je rêvais d'apprendre la flûte rien que pour pouvoir jouer le Chardonneret… et puis finalement j'ai fait de la clarinette, l'une des nombreuses incohérences entre ma vie réelle et ma vie rêvée, sans drame pour le coup, et je ne garderai même pas de regret : je n'ai jamais été capable de sortir le moindre son des flûtes de ma maman ou de ma soeur !

Mais je digresse… Vivaldi donc… Bien avant d'arriver au Prêtre roux, on passe par un pensionnat pour jeunes filles riches dans les Alpes suisses et c'est ainsi que, d'emblée, on comprend tout à la fois que l'histoire ne correspond pas à ce que nous laisse entendre le synopsis, et que en plus cette histoire sent très fort le cliché ! ce qui, hélas, ne va jamais se démentir…
Ainsi donc, notre jeune héroïne, Emma de son prénom, est la fille d'un haut dignitaire de l'UNESCO très engagé dans la préservation des trésors de l'humanité, et orpheline de mère. Son père étant plus que pris par son travail et ses très nombreux voyages, la jeune fille de 16 ans a passé l'essentiel de sa vie (depuis ses 8 ans, année de la mort de sa mère), vacances comprises, dans ce pensionnat suisse (eh oui ! tout bon pour le 1er cliché donc) plus que huppé qui enseigne autant les langues à la perfection que le sport de haut niveau ou les bonnes manières que ces jeunes filles de la haute bourgeoisie de diverses origines doivent pouvoir maîtriser. Emma n'en est pas moins heureuse dans cette ambiance, elle qui ne connaît quasi rien d'autre et qui s'y est fait des amies qu'elle considère presque comme des soeurs, alors que son propre père est un parfait inconnu pour elle. Ainsi, quand il débarque tout à coup pour ses 16 ans, pour une raison qui est très vaguement évoquée et qui ne sera jamais développée de tout le livre, non elle n'est pas « aux anges » de quitter l'environnement aimé et rassurant de la moitié de sa vie, mais elle décide de donner une chance à une relation alors inexistante avec son père.
Sauf que… non seulement la relation avec son père ne va jamais décoller, mais ce que son père lui montre n'est pas de l'indifférence, mais quelque chose qui s'approche du mépris ! En outre, comme je disais, la raison pour laquelle il a tout à coup été la chercher dans sa prison dorée des Alpes, est vaguement évoquée, mais jamais davantage développée, et ça reste une frustration tout au long du récit… au même rythme qu'Emma se sent de plus en plus mal face à cela, mais reste invariablement polie avec sa façade de jeune fille bien élevée. Et que c'est agaçant !

Mais voilà : non seulement c'est agaçant, mais en plus ça reste le cliché absolu à travers tout le livre. On a d'une part la « pauvre petite fille riche » (pauvre car elle est orpheline et délaissée voire méprisée par son père qu'elle aimerait apprendre à connaître, le reste se passe d'explication), et le méchant garçon pauvre, personnage principal masculin du livre, le jeune Irlandais Kieran, qui travaille pour le père d'Emma, mais qui connaît trop bien Venise pour être honnête. Car c'est effectivement là que se passe l'action de ce premier tome des aventures d'Emma et de Kieran : la ville de Venise en toute fin d'automne, quand le froid est brumeux et le phénomène d'acqua alta apparemment au plus fort. Et en parlant de plus fort, c'est l'un des points essentiels du livre, qui fait que je ne donne pas une trop mauvaise note : l'autrice s'est très clairement bien documentée sur la Sérénissime, qui plus est hors de sentiers touristiques battus, et/ou elle l'adore et la connaît bien, toujours est-il qu'elle nous convie à une véritable visite guidée un peu inhabituelle de la ville. Elle nous présente certaines de ses attractions touristiques avec un oeil original, et nous entraîne dans les rues moins connues, tout en distillant toute une série de connaissances, notamment artistiques, bien sympathiques à apprendre. Elle sensibilise aussi au problème que représentent certains types de déplacements motorisés, sans doute très recherchés par les touristes mais qui contribuent à détruire la ville. Un gros bon point pour cet aspect-là !

Mais revenons-en aux personnages : ils sont eux aussi sympathiques, mais terriblement cliché et à la limite de l'incohérence, surtout en ce qui concerne Emma. Il y a ce vernis de bonne éducation qui lui colle à la peau dès qu'elle ouvre la bouche, malgré le fait que l'autrice insiste bien pour dire qu'elle pense autre chose… alors au début on peut comprendre que ce vernis tellement profond en fait, ne craquelle pas trop, mais à la longue on n'y croit plus ! On a vraiment envie de la voir s'énerver pour de bon ! de plus, ce serait plus cohérent avec son comportement, elle qui est en mal de mouvement et qui va prendre des risques de plus en plus insensés, pour les beaux yeux de Kieran que, par ailleurs, elle prétend ne pas supporter, d'autant plus qu'il la traite comme la petite fille capricieuse qu'elle est effectivement, mais qu'il voit surtout à travers ses nombreux préjugés à lui…
Bref, autant l'approche de la ville était intéressante et agréable, autant les personnages sont terriblement cliché, et les interactions entre eux le sont tout autant, sans jamais vraiment évoluer. Certains parlent de romance, mais je ne vois nulle part une romance entre cette jeune fille ultra-naïve et trop bien éduquée qui se laisse manipuler pour les beaux yeux d'un jeune homme et parce qu'elle s'ennuie, et ce jeune homme qui joue avec les sentiments de la première et l'embrasse quand ça l'arrange pour mieux la rejeter ensuite. En fait, on est bien davantage dans un jeu du chat et de la souris, mais façon Tom & Jerry où l'un se joue de l'autre à tour de rôle en dépit de toute logique, pour finir par s'entendre dans l'adversité, avant de recommencer leur guéguerre sans queue ni tête.
C'est vrai que les dialogues entre les deux protagonistes sont piquants, ce qui crée une ambiance sans doute attrayante pour les plus jeunes, mais pour moi c'est clairement trop cliché, avec trop d'incohérences et l'absence de réelle évolution dans la relation, si bien que cet aspect piquant n'est pas suffisant et finit même par lasser.

Il reste l'intrigue. Parfaitement intégrée dans la balade à travers la ville, elle est une occasion supplémentaire de découvrir de nouvelles choses : sur Vivaldi, sur le Tintoret, sur Canaletto etc. le tout reste très superficiel, certes, et l'histoire de « code Vivaldi » est assez basique une fois qu'on a compris, et on devine l'enchaînement bien avant les héros eux-mêmes, mais ça reste agréable, grâce à une écriture fluide qui ne tient pas forcément en haleine, mais qui se laisse lire sans souci. Malgré tout, ici aussi on reste dans le superficiel. Ainsi, je peux dire que ce livre me laissera une impression agréable mais pas inoubliable, et je ne suis pas certaine de jamais lire le tome 2.
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