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Critique de tomgus


tomgus
11 décembre 2016
J'ai beaucoup aimé ce livre.
Le thème du roman est la création artistique, thème traité de manière originale et vivante. le narrateur fuit Tokyo pour aller peindre dans un village perdu dans la montagne face à la mer. Il veut s'ensevelir dans la nature pour faire sienne la beauté du monde et entrer en parfaite harmonie avec lui. Pour ce faire, il prend au début du roman de grandes résolutions : contempler le monde objectivement en abandonnant toute préoccupation, être impassible, observer le paysage comme un tableau et les gens rencontrés comme des figurants vus avec désintérêt. En bref : « placer devant soi son sentiment, reculer de quelques pas et l'examiner avec calme comme s'il s'agissait de celui d'un autre. » le moyen le plus simple est de composer un haïku.
Avant que ce beau programme ne se termine de façon catastrophique dans le dernier chapitre, Sôseki balade son artiste dans le décor, la montagne avec ses roches de couleur, l'étang et l'ombre du magnolia, un « univers au raffinement extrême ». Mais l'artiste échoue à en faire un tableau. Il pinaille et son appréhension rompt le charme ou alors il se rend compte que son projet consistant à reproduire par la peinture un simple état d'esprit est quasi impossible à réaliser. Par contre, il est plus heureux en matière de poésie. Nous assistons, en direct pourrait-on dire, à la création de très beaux poèmes.
En dehors de ces tentatives et des réflexions sur la nature de ce que l'on nomme l'art , la vulgarité dans l'art , les défauts de l' art occidental , le roman est constitué de dialogues qui sont de véritables petits bijoux. C'est la rencontre du peintre avec la vieille tenancière d'une maison de thé, avec un cocher, avec une servante d'auberge, avec un vieil esthète, avec un jeune homme qui part faire la guerre en Mandchourie, avec un moine, et surtout avec une mystérieuse et attachante jeune femme : Nami.
Evidemment l'artiste essaie de s'en tenir à son programme, éviter tout sentiment et subjectivité, mais il est troublé, même si, nue dans le bain avec lui, il ne voit dans le corps de Nami qu'une construction de lignes géométriques. Les dialogues avec Nami ressemblent à une partie de ping pong dont l'artiste sort souvent désappointé.
Le roman présente aussi l'intérêt de nous faire toucher du doigt la subtilité et le raffinement de la sensibilité japonaise, dans des scènes où sont entrevus par exemple les mérites d'un tableau, d'une tasse, d'une pierre à encre. Par opposition, le narrateur- auteur est d'une violence extrême lorsqu'il parle de la société, de la civilisation industrielle de 1906.
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