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Critique de Luniver


Sihem Souid est française, ses parents tunisiens. Après avoir travaillé dans la sécurité aéroportuaire, elle entre dans la police, par vocation. Au vu de son passé, elle est affecté à la police des frontières à Orly. Dans un premier temps, tout se passe bien : travail apprécié par les supérieurs, promotion, ... Un petit grincement de dent sur l'obsession du chiffre, où chaque année, il faut essayer de renvoyer un peu d'arrivants que l'année précédente pour montrer qu'on lutte encore mieux contre l'immigration. Quite à remballer les enfants qui n'ont pas encore leurs papiers, ou ceux qui les ont, mais qui ont une tête (ou une peau) louche. Une petite gêne aussi sur le racisme ambiant, et tout à fait décontracté, dans le service. Les agents vont «contrôler les bougnes» ou accueillir un «avion de nègres». Les remarques sur le vocabulaire employé sont mal reçues. Pas la peine de faire un foin pour si peu !

Arrivé là, on peut se dire que ces mésaventures sont inévitables, et qu'au vu du nombre de candidats et de postes, on retrouvera forcément des racistes à un moment ou un autre en place. Mais on se rend compte, au fil des pages, que si les supérieurs ne font aucune remarque, c'est parce qu'ils ont exactement les mêmes opinions : racisme, homophobie, sexisme sont monnaie courante dans le service. La corruption sévit également à tous les échellons, ce qui n'arrange rien. Alors évidemment il existe une police des polices, mais il faut pour qu'elle puisse agir que des gens se plaignent, et les volontaires ne sont pas nombreux. D'abord pour ne pas s'attirer d'ennui (si la personne visée reste en poste, les mutations ne se font pas attendre une fois le dossier clôs. On conseille d'ailleurs aux plaignants de «penser à leur carrière» avant de persister dans leurs accusations), soit pour récupérer une petite part du butin (primes, petit trafic sur lequel on ferme les yeux).

Le tableau dressé est sombre. Sans doute un peu trop d'ailleurs, je regrette que l'auteur n'ait pas parlé un peu plus des bonnes expériences qu'elle a connues pour donner une vue d'ensemble plus complète. Il serait abusif d'étendre ses mauvaises expériences à l'ensemble de la police. Entre "tous pourris" et "tous des héros", il y a de la marge. Il est vrai aussi que voir des discriminations venant de gens sensés faire respecter l'égalité entre tous les citoyens donne un sentiment d'injustice exacerbé.
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