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Critique de Nemorino


J'ai eu la chance de trouver ce livre sur un banc. Oublié par quelqu'un, il est tombé sous la main d'une Ukrainienne pour qui il a brillé immédiatement comme une étincelle de son enfance. C'est étrange et beau à la fois ! Et, comme un cadeau, j'ai retrouvé l'illustratrice-enchanteresse Sacha Poliakova que je connaissais par le livre « La petite clé d'or » (le Pinocchio russe).
D’abord qui est cette babouchka ? Ce mot russe signifie « grand-mère » et aussi « vieille femme » en général. Ah ces babouchkas, kachas, chapkas !
Musicienne et metteur en scène, Nathalie Soussana a collecté les berceuses traditionnelles, rondes, jeux de doigts et de rythmes slaves issus de l'oralité pour que nous puissions à notre tour venir y « tricoter » ces airs et chanter à notre manière comme on chante les plus beaux chants d'amour. Chaque comptine est bilingue et en plus on peut facilement lire en français les paroles biélorusses, polonaises, russes, slovaques, tchèques, ukrainiennes ou yiddish grâce à un tableau de transcription qui nous donne des équivalents sonores.
Il y a beaucoup de commentaires dans ce livre qui a entre autres un but pédagogique. Nathalie Soussana fait une brève analyse, historique et musicale, de chaque oeuvre. C'est amusant, les chansons ont parfois leurs cousines françaises ! Ces musiques d'Europe centrale entretiennent la légende de l'« âme slave » où la nostalgie et la mélancolie sont immenses. Elles nous invitent au voyage. Les comptines sont recueillies en région parisienne, auprès de mamans et leurs enfants, artistes ou étudiants de passage. Par ces contributeurs, j’ai révisé et même appris les paroles de certaines chansons dont je connaissais surtout la mélodie !
Grâce à ce livre délicieux, j'ai longtemps rêvé assise sur le banc… Voici ma petite fantaisie qui en résulte. Excusez-moi si elle est de trop.
Dans un parc, un banc
Était occupé
Par des feuilles recroquevillées.
Le vent feuilletait
Un album perdu.

Je pensai : « Ici,
Je vais délirer
Au calme, sans arrière-pensées
Et sans qu'un archange
Coquin me dérange.
Un jour, une reine,
Ou était-ce un roi ?

***
Il était une fois
Un roi qui arrêta
De prescrire des ordres
Car il voulut tout faire
Par lui-même, oui, lui-même !
Le roi se désolait :
« le problème du trône,
C'est qu'il ne vole pas
Et ne court pas non plus ! »
En son temps, les grévistes
N'existaient pas encore.
C'était un visionnaire
C'était un roi-artiste
Un roi avant-gardiste.
Ses pages désoeuvrés
Déambulaient, l'air triste.
Ses cuisiniers perdirent
À jamais l'appétit.
Ses couturiers dormaient
Sous une énorme couche
De brocart d'or, d'argent,
De franges, de galons
Et de soie étrangère
Aux reflets opalins.
Plus rien n'avait de sens.
Le peuple se mit même
À rêver d'un tyran
Ou d'un envahisseur
À combattre sans trêve,
Au moins, d'un bras de fer…
Et pourtant, et pourtant,
Le roi semblait heureux.
Son cerveau bouillonnant
N'était qu'une bataille,
Bataille de chansons
Dignes de celle-ci :

***
Quand on est chagrins
Chantons à tue-tête
Notre gai refrain
Comme au temps des fêtes,
Comme au temps des foires,
Il est vain de boire
Vingt verres de vin
Quand on est chagrin !

Toutes les écoles
Font mémoriser
Aucune n'apprend
À vite oublier
Chantons à tue-tête
Notre gai refrain
Sans petite flûte
Et sans tambourin !

***
Un jour, une reine,
Ou était-ce un roi ?
Nomme son royaume fou l'Enfance !
Un jour, une reine
Ou était-ce moi ?
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