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Critique de Carteroutiere


L'auteur, prix Nobel de littérature est surtout un homme de théâtre. J'avais l'occasion de lire un de ses romans autobiographique, Ake, mais j'attendais de découvrir son talent théâtral et je n'ai pas été déçu.
Basé sur un fait divers de 1946, la pièce se déroule au Ghana en temps de guerre (un peu de liberté de l'auteur). A la mort du Roi indigène un mois plus tôt doit répondre la mort de son cheval préféré, de son chien et de son écuyer, son bras droit. L'écuyer passe ici sa dernière journée, sa dernière nuit et s'accouple avant de mourir. Mais l'autorité colonial ne peut accepter ce suicide délibéré et fait tout pour l'empêcher. Tout l'enjeu de la pièce est ici et cette tragédie est remarquable.
J'en ai retenu quatre choses.
D'abord le conflit de civilisations, le choc de culture. A l'approche occidentale sur le refus de mourir pour cela, le fils de l'écuyer souligne l'injustice de la guerre en Europe et les morts par millions.
Ensuite, les chants des griots, les conteurs. Je les rencontre partout dans la littérature africaine, mais là j'en vois un en action.
Il y aussi tout le symbolisme de la transmission. L'écuyer veut se donner la mort pour ne pas laisser seul son roi dans l'au-delà. Dans le même temps, le fils du roi succède à son père et le fils de l'écuyer succède à ce dernier. Ainsi la chaîne de continuité est assurée et le monde peut continuer à tourner. Mais si la chaine est basée par la non-mort de l'écuyer, alors le chaos arrive. C'est tout le débat.
J'ai aussi noté la fragilité des couches religieuses : qu'ils soient musulmans ou chrétiens, les Africains n'osent pas affronter leur passé animiste. On sent le poids des traditions quand le sergent de police, Amusa, veut bien arrêter des meneurs, mais de là à toucher aux masques rituels...
On sent, dans cette pièce, l'éclatement de l'auteur entre deux mondes : celui de l'Europe et le sien originel.
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