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Critique de Presence


Ce tome fait suite à Captain America : Steve Rogers T01 (épisodes 1 à 6) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 7 à 11, initialement parus en 2017, écrits par Nick Spencer. Les épisodes 7 & 8 ont été dessinés et encrés Jesús Saiz. Il a également dessiné l'épisode 11 qui a été encré par Scott Hanna. L'épisode 9 a été dessiné par Javier Pina avec l'aide d'Andres Guinaldo. L'épisode 10 a été dessiné et encré par Jesús Saiz, Ted Brandt et Rod Stein, avec l'aide de Kevin Libranda. La mise en couleurs a été assurée par Rachelle Rosenberg pour l'ensemble des 5 épisodes. Les couvertures de chaque épisode ont été réalisées par Stéphanie Hans (numéro 7), Elizabeth Roque (numéro 8), Jesús Saiz (numéro 9) et Paul Renaud (numéros 10 & 11). Ce tome inclut également les couvertures alternatives réalisées par Steve Epting, Jay Anacleto, Mike McKone, Bob McLeod, Mike Deodato, Jack Kirby, Paul Renaud, Joe Jusko.

En 1935, Steve Rogers suivait les cours dans un établissement privé, dont ceux de Sebastian Fenhoff, tout en restant la risée de ses camarades pour sa frêle stature. Au temps présent, Red Skull a pris la tête d'une armée de rébellion pour renverser le régime du général Kamil Novoty, dans la nation de Sokovia. Il a à ses côtés Sin (Synthia Schmidt, sa fille) et Crossones (Brock Rumlow). de son coté, Steve Rogers Captain America explique au docteur Erik Selig que son objectif final est d'assassiner Johann Schmidt (Red Skull, le chef d'Hydra) pour prendre sa place. le docteur fait remarquer qu'il s'agit d'une trahison pure et simple vis-à-vis de leur meneur. En tant que porte-parole du SHIELD, Sharon Carter indique que le SHIELD est opposé aux actions du Red Skull en Sokovia, même s'il s'agit de renverser un régime dictatorial et abusif.

Mais les apparences sont trompeuses. le SHIELD envoie bien des soldats, ainsi que Black Widow (Natalia Romanova) et Captain America (Steve Rogers) en appui, mais ce dernier semble avoir ses propres motivations pour libérer le général Alois Denz, précédent opposant au régime du dictateur Kamil Novoty. Red Skull marche bien sur la capitale de Sokovia mais il n'a aucune intention de gagner. Maria Hill a commandité la libération de Denez, tout en sachant parfaitement qu'il n'a aucune chance contre le dictateur en place. Steve Rogers mise la réussite de son plan complexe et à long terme sur sa capacité à convaincre son meilleur ami de son bienfondé, à savoir Helmut Zemo. Il est également question de l'invasion de la Terre par une race extraterrestre, les Chitauri.

En entamant ce deuxième tome de la série, le lecteur n'est pas dupe. Il a bien compris qu'elle a été créée pour Nick Spencer puisse mettre en place les pièces nécessaires pour le crossover Marvel de l'été 2017 : Secret Empire également écrit par Nick Spencer. Il sait donc avant de commencer sa lecture que l'intrigue est entièrement bâtie avec cet objectif à atteindre. La couverture montrant le visage de Captain America baignant dans une teinte verte rappelle la révélation du tome précédent : c'est un agent d'Hydra. Mais dans le même temps, le lecteur sait très bien que cet état de fait est causé par le cube cosmique utilisé lors de Standoff et que tout reviendra à la normale après le crossover, ou quelques épisodes après au plus tard. du coup, le lecteur chevronné se focalise plus sur les différences qu'introduit le scénariste par rapport à l'histoire classique de Captain America, et sur la manière dont il construit son édifice. de ce point de vue, Nick Spencer continue à être bluffant. Il a conçu une intrigue qui entremêle plusieurs fils narratifs : le passé de Steve Rogers, embrigadé par l'Hydra, le présent dans lequel Steve Rogers joue double jeu (à la fois agent d'Hydra au service du Red Skull, mais aussi avec ses propres objectifs), les risques que ses manigances soient découvertes (car on ne fait pas d'omelette sans casser d'oeufs), et des intrigues secondaires comme les conséquences de Standoff pour Maria Hill.

Dès le premier épisode, le lecteur est happé par la narration et l'intrigue, dans une histoire d'espionnage de haute volée, dans une histoire de superhéros respectant les conventions du genre, et par un suspense élevé parce que si la destination est connue, le chemin reste à découvrir. Il est amusant de jouer à trouver les différences, et encore plus à trouver les ressemblances. En effet si Steve Rogers a été enrôlé par Hydra dès son plus jeune âge, comment va-t-il bien pouvoir être sélectionné pour le projet Super Soldat du docteur Abraham Erskine ? En devant rendre des comptes à Red Skull, comment va-t-il réussir à cacher ses actions pour le neutraliser ? Ce double jeu prend une autre dimension quand le lecteur prend en compte qu'en plus, pour le grand public, Captain America reste le symbole des États-Unis. Effectivement Nick Spencer utilise les conventions du récit d'espionnage avec une grande adresse, sans jamais perdre son lecteur sur la question du qui sait quoi à quel moment. L'auteur ne perd également aucun fil narratif en route, et le lecteur voit apparaître les conséquences du comportement de Captain America vis-à-vis de Jack Harrison (Jack Flag), avec un dilemme moral des plus odieux.

Comme souvent, quand le lecteur prend connaissance de qui a dessiné quoi, il s'inquiète un peu en voyant qu'il a fallu plusieurs dessinateurs pour venir à bout de 5 épisodes. Il sait que cela est dû à la cadence mensuelle de parution desdits épisodes. Néanmoins dès qu'il commence le premier épisode, il voit que cette alternance d'artistes a pour objet de laisser le temps à Jesús Saiz de peaufiner ses planches. Les 2 principaux dessinateurs doivent faire face à un scénario très dense avec de nombreuses discussions d'exposition pour que Nick Spencer puisse tout mettre en place à temps pour le crossover. Ils réalisent des dessins sur un mode descriptif détaillé et réaliste, très agréable à l'oeil. Effectivement le lecteur ressent une baisse de précision et de finitions dans les épisodes 9 & 10, mais rien de catastrophique, ça ne donne pas l'impression d'avoir été bâclé. Saiz et Pina se montrent très impressionnants pour donner des visages spécifiques sans être caricaturaux à chaque personnage, avec des expressions justes attestant de leur état d'esprit. L'approche descriptive fait des merveilles pour donner de la consistance et de la crédibilité aux scènes en civil. le lecteur voit vraiment un enfant un peu chétif dans un pensionnat, avec ses camarades chahuteurs et envieux. Saiz et Pina évitent d'aligner des têtes en train de parler et construisent leur suite de cases sur la base de prises de vue montrant également les gestes des personnages, ainsi que les décors dans lesquels ils évoluent. le lecteur est très impressionné par le charisme de Red Skull et de Captain America quand ils s'adressent à autrui ou quand ils haranguent une foule.

Saiz et Pina se montrent tout aussi à l'aise pour mettre en scène les séquences d'action. Ils continuent d'apporter un haut degré de précision descriptive tant dans les éléments réels, comme les uniformes militaires, que dans les éléments spécifiques de l'univers Marvel, comme les uniformes des agents du SHIELD. Jesús Saiz réalise des visuels époustouflants pour l'invasion des Chitauri, rendant compte de l'ampleur de la vague d'assaut. Il sait faire s'exprimer toute la majesté cosmique de Quasar (Avril Kincaid) en action. Javier Pina se débrouille pour l'épisode 9 consacré au procès de Maria Hill, alors qu'il s'agit essentiellement de scène de prétoire. La direction d'acteurs de Saiz met en scène le risque réel quand des individus se menacent d'armes à feu. Au fil des pages, le lecteur apprécie mieux la capacité des 2 artistes à différencier chaque individu car la distribution est pléthorique.

En progressant dans les épisodes, le lecteur se rend compte qu'il peut aussi lire cette histoire au premier degré, sans jouer à repérer les blocs de construction pour le crossover. Nick Spencer manie donc habilement les conventions de l'espionnage pour une intrigue retorse dont le lecteur serait bien en peine de prévoir les retournements, et les traîtrises. En prime, le scénariste réussit à développer des séquences totalement inattendues. le lecteur s'en rend compte quand il voit une réunion clandestine entre comploteurs : Baron Zemo, Elisa Sinclair, Sebastian Fenhoff et Kraken (Daniel Whitehall). Une fois encore, cette séquence est également l'occasion d'admirer le travail de mise en couleurs de Rachelle Rosenberg, intense et nuancé. Il est tout aussi enchanté de voir que le scénariste attaque de front la question de la responsabilité de Maria Hill dans l'affaire de Pleasant Hill, mais aussi pour d'autres décisions de sécurité, pour le moins cavalières et discutables. Spencer se paye le luxe de traiter ces accusations en suspens, de montrer que Maria Hill n'est pas née de la dernière pluie, et en plus ce procès nourrit l'intrigue principale par le témoignage de Captain America (Steve Rogers) qui continue à déplacer ses pions, ici en favorisant Sharon Carter, mais aussi un projet proposé par Maria Hill, avec une dextérité machiavélique.

A priori, le lecteur s'intéresse à ce deuxième tome de la série, essentiellement pour voir Nick Spencer mettre ne place les éléments pour le crossover Secret Empire (version 2017). A posteriori, il ressort de ces 5 épisodes avec un grand sourire et un terrible envie de découvrir la suite. le scénariste ne se contente pas d'une construction artificielle pour positionner ses pions, il poursuit plusieurs fils d'intrigue développés auparavant, avec plusieurs personnages dotés d'un solide caractère dans un récit d'espionnage malin et haletant, et servi par une narration visuelle de très bon niveau.
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