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Critique de Enroute


L'ouvrage est très intéressant pour comprendre la pensée américaine : raisonnement par la négative permanent (je vous dis ce qui n'est pas, je conteste des vérités qui ne sont que celles que je tiens pour établies ou que je prétends être dominantes), tout est ramené à de la matière, à des choses, y compris Dieu (car il n'est pas un vieux monsieur barbu qui habite au-delà des nuages, non, non), les conclusions scientifiques, toujours les mêmes (galilée, newton, Darwin), sont des évidences indépassables et toute référence de la vérité n'est jamais que scientifique (sans perspective de tout ce que la science à encore à découvrir), les mots désignent des choses (d'où la difficulté d'un propos abstrait) et ne sont que leur stricte définition, je ne parle que de moi et de ma réussite, qui n'est bien sûr que sociale, donc relative, sans que je m'en rende compte, et, en général, une incapacité flagrante (ou un refus radical) d'exprimer une pensée théorique. L'ensemble paraît être écrit avec les capacités de réflexion et les connaissances d'un enfant de huit ans.

A parler de Dieu sans abstraction et à s'interdire de rapporter la complexité de son expérience personnelle puisque l'on écrit sans prêter aux mots la capacité de créer un sens qui les dépasse, on ne dit finalement rien. La conclusion est que l'auteur a fait l'expérience de Dieu -ce qui n'est pas parler de Dieu et, comme il l'écrit lui-même, laisse envisager qu'il n'existe pas - de trois manières : il est vie, amour et être. On aurait aimé une tentative d'expression de cette triple expérience, mais l'auteur s'y refuse : c'est comme un cheval qui fait l'expérience de l'humain et ne saurait transmettre la valeur de cette expérience à un autre cheval. L'auteur semble oublier que le cheval peut toujours hennir ou donner des coups de pattes et peut-être plus subtil, sait-on jamais, l'être humain employer lui aussi son langage. A part ça, il ne croit ni en la réincarnation, ni en la prière, ni en Dieu donc, ni, ni, ni, ... Mais il est chrétien puisqu'il le revendique. Pas de quoi fonder une théologie, surtout quand on expose sa pensée en citant Freud, Marx et Sartre.

Le seul point positif pour l'auteur, en parallèle donc, pour le lecteur, de l'exposition très claire d'un mode de pensée très américain, est qu'il cite un roman, ce qui laisse envisager qu'il puisse développer l'idée que les mots sont capables, si l'auteur a"travaillé à choisir soigneusement son vocabulaire" (p.71), de transmettre ce qui n'a pas de mot mais se vit pourtant : la valeur d'une expérience. Il s'agit des Misérables.

Je mets deux étoiles car l'ouvrage synthétise vraiment bien à mon goût la pensée analytique.
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