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Critique de oiseaulire


Témoignage autobiographique sur les relations destructrices d'une adolescente de quatorze ans piégée par la séduction mortifère d'un vieux beau de cinquante ans, écrivain estimé de sa génération et pédophile notoire.
C'est le récit d'une emprise : l'auteure n'aurait pas pu faire mieux pour poser les divers aspects de la notion de consentement.
De sa terrible expérience, relatée avec une grande authenticité, on ne peut que conclure qu' il est des circonstances où l'on peut accepter sans consentir.
Car le consentement se doit d'être éclairé. Et éclairé, il ne l'est jamais au-dessous d'un certain âge.
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Quelques personnes, rares il est vrai, ne veulent voir dans ce livre que l'expression d'un dépit amoureux, "une histoire d'amour qui finit mal". Je trouve cette appréciation choquante à plus d'un titre. D'abord, quand des faits sont criminels, et aussi clairement exposés, comment peut-on se permettre de juger la victime et non l'auteur des faits ? C'est toujours la bonne vieille suspicion envers la victime qui est en oeuvre dans ce jugement, surtout si cette victime est une femme. C'est la règle en matière de viol. Or nous ne sommes pas ici dans un tribunal, le lecteur n'est pas un juge, il n'a pas été tiré au sort comme juré.
Ensuite, comment est-il possible que ces personnes jugent une jeune fille de treize-quatorze ans apte psychologiquement à vivre une "histoire d'amour" avec un homme de cinquante ans ? Par quel manque d'empathie peuvent-elles mésestimer la souffrance occasionnée par cette prise de possession progressive d'une adolescente par un homme plus que mûr : emprise scolaire, puisqu'il lui faisait ses dissertations, emprise sur sa vie (il l'a détournée de la musique), éloignement de la normalité d'une fille de son âge coupée de ses camarades et exhibée lors de repas mondains à des heures où elle aurait dû être couchée, pratiques sexuelles intenses et d'une technicité repoussante pour son âge, et non celles de très jeunes gens découvrant la sexualité, mensonges répétés, tromperies. Le prédateur a enfermé cette gamine dans un univers glauque qu'elle n'avait pas la maturité suffisante pour évaluer pleinement et qui l'a mise en marge de ce qu'elle aurait dû vivre et qu'elle ne vivra plus jamais, les fameuses "coudées franches" dont parle Brassens dans "La petite fille et le père Noël". Un chagrin d'amour vraiment, alors qu'il l'a transformée en monstre à ses propres yeux ?
Reste qu'on peut penser ce qu'on veut. Mais qu'on ne s'étonne pas que Vanessa n'ait trouvé aucune aide à l'époque quand nous ne sommes même pas capables de comprendre ce qu'elle a vécu et qu'elle l'explique pourtant avec le recul suffisant pour y mettre des mots.
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