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Critique de ptitsoph


Certains livres nous tombent des mains et d'autres nous emportent…

C'est l'histoire de Vincent qui a perdu sa mère alors qu'elle était une adolescente de 14 ans.
C'est aussi l'histoire de son demi- frère Paul compositeur accro aux opioïdes ( dérives chimiques nettement plus dangereux des opiacés) mais aussi celles de Jonathan Alkaitis, conseiller financier, de Léon Prevant cadre supérieur dans une compagnie maritime, d'Olivia, artiste peintre et de Walter chef de la sécurité à l'hôtel Caiette sur l'île de Vancouver, l'hôtel de verre du titre.

C'est un livre curieusement construit qui nous balade dans le temps et entre les multiples personnages. On ne sait jamais ce qui va suivre, c'est assez déroutant et très intrigant.
Certains événements sont annoncés avant leur réalisation mais le lecteur n'a pas, alors, les clefs pour en comprendre tous les tenants et les aboutissants.
On avance à l'aveugle dans ce roman en se demandant notamment dans les premières pages quelle est l'histoire qui compte vraiment et si tel ou tel personnage va resurgir au détour d'une page ou d'un saut dans le temps.
Une lecture qui m'a donc demandé une certaine vigilance mais qui m'a emportée «  littéralement » dans un autre univers.
Le début commence par la fin, le dénouement final n'est donc pas une surprise et pourtant une tension et un suspense permanents parcourent tout le livre aux allures de conte un peu noir.. Tout est trouble et mystérieux à commencer par les personnages aux contours flous. Riches ou pauvres, bienveillants ou égoïstes, leurs fêlures et leurs erreurs les rendent humains et fragiles.

L'auteur livre également une réflexion sur l'art par le biais de deux peintres ( magnifique rencontre autour d'une étrange proposition) et de Paul qui accompagne des images et des vidéos en composant de la musique.Vincent réalise elle aussi des films d'auteur (?) avec sa petite caméra en respectant comme un TOC une durée fixe de cinq minutes.

Emily st John Mandel n'hésite pas à ancrer ce roman poétique dans le monde actuel en abordant la mondialisation des échanges effectués par voie maritime ou en utilisant comme ressort dramatique la pyramide de Ponzi, une « juteuse » opération financière.
Sa description des laissés-pour-compte des Etats- Unis, à l'exemple de ce couple de septuagénaires qui sillonne le pays à bord d'un camping-car en alternant les petits boulots et les temps de repos fait froid dans le dos.

L'auteur excelle à décrire des mondes connus ou inconnus, réels ou imaginaires. Ces mondes s'ouvrent au lecteur via les accidents de vie subis ou choisis par les personnages : royaume de l'argent digne d'un conte de fées, pays de l'ombre et contrevie où les morts viennent se mêler aux rêves et à la réalité.
Des phrases énigmatiques répétées comme des mantras : « Envolez moi », « Vous devriez avaler du verre brisé », « Nous connaissons tous ici la nature de notre activité » scandent les différentes histoires qui ne cessent de s'entrecroiser et de tisser des liens insoupçonnés entre les protagonistes.
Ce roman éclaté avec un impeccable compte à rebours final m'a pourtant laissée libre d'imaginer d'autres destins aux personnages peut-être dans une contrevie.
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