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Critique de 5Arabella


Publié en 1802, c'est le premier roman de Mme de Staël. Il s'agit d'un roman épistolaire, même si certains passages échappent à cette convention (fragments de journal de Delphine). L'action du roman se déroule entre 1789 et 1792, c'est-à-dire en pleine tourmente révolutionnaire. Le roman a provoqué de fortes réactions, positives et négatives, de par les thèmes abordés, et a valu à Mme de Staël un bannissement à 40 lieues de Paris prononcé par Napoléon, premier consul.

Le roman a pour personnage central Delphine, une jeune femme de la bonne société, jeune veuve de 21 ans au début du livre. Manipulée par une femme avide, Mme de Vernon, elle abandonne une partie de ses biens à la fille de cette dernière pour qu'elle puisse épouser un cousin, Léonce de Mondoville. Mais Léonce et Delphine tombent amoureux, avant le mariage projeté. Mme de Vernon, par d'habiles stratagèmes, profitant de la générosité de Delphine qui se met régulièrement dans des situations délicates pour aider des amis, fait croire à Léonce que son aimée est indigne de lui, et le pousse à épouser sa fille Matilde, qu'il n'aime pas. Il finit par apprendre la vérité après son mariage. Delphine fuit en apprenant que Matilde est enceinte, et encore une fois manipulée, entre au couvent. Matilde et son enfant meurent, mais Léonce refuse d'épouser Delphine, malgré la possibilité que la Révolution offre à Delphine pour révoquer ses voeux, par peur de l'opinion publique, ce qui va entraîner la mort tragique des deux amoureux.

Le roman a de nombreuses influences : Les liaisons dangereuses (en particulier par le personnage de Mme de Vernon) et d'autres romans « libertins », La nouvelle Héloïse, Goethe, Richardson….Il dépeint une société en voie de disparition, la noblesse d'avant la Révolution, qui vit ses dernières heures en l'état, avec ses valeurs, ses préjugés, ses façons de vivre. Inconsciente de sa disparition prochaine. Un étrange mélange, de l'époque des Lumières, on raisonne, on pense la religion d'une façon posée, en rejetant les « superstitions » et les rites, en remettant en cause le rôle du clergé, on veut reposer les relations sociales, les relations de couple d'une autre façon. En même temps, les affres de la passion, l'attirance d'un aspect morbide qui pousse au suicide comme issue au mal de vivre sont déjà présents, annonçant le romantisme.

C'est incontestablement une étape dans la littérature et dans l'histoire des idées importante. Mme de Staël passe au crible un certain nombre d'idées, certes dans l'air du temps, mais elle le fait d'une façon audacieuse, d'autant plus qu'elle est une femme. le divorce, l'honneur, le rôle de la femme dans la société, la religion, le poids des conventions sont abordés de façon directe.

Mais c'est long, vraiment long. Les affres de la passion entre Delphin et Léonce ont fini par me peser. Et le personnage de Delphine, si spontané et honnête finit par agacer par son imprévoyance. Elle est toujours prête à aider tout le monde, sans réfléchir aux conséquences pour elle, et se met dans les pires situations de façon si répétée, qu'on finit pas la trouver agaçante. Et on se demande ce qu'elle trouve à ce Léonce si imbu de lui-même, si incapable d'évoluer. Malgré le côté progressiste de Mme de Staël pour l'époque, la vision de la femme est quand même effroyable, lorsque par exemple Delphine qualifie la vie des femmes comme une « existence secondaire ». La principale source de satisfaction est la maternité, qui doit faire passer tout le reste. J'ai particulièrement peiné dans le deuxième volume, où les situations tragiques s'accumulent d'une façon que j'ai trouvé de moins en moins vraisemblable.

C'est donc plus un témoignage de l'époque, un jalon de l'histoire littéraire qu'une oeuvre susceptible de passionner et d'entraîner un lecteur d'aujourd'hui.
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