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Critique de Dandine


“Mais en fait je suis censé parler de Dukla… Cela fait quelques années maintenant que j'essaie de trouver une explication à son étrange force. Mes pensées reviennent toujours tôt ou tard vers cette ville comme si elles devaient, dans ses quelques pauvres ruelles, trouver leur assouvissement. Au lieu de ça, elles flottent dans le vide. Rue Cergowska, rue Zielona, rue Nadbrzezna, rue Parkowa, me Podwale, place de la Mairie. Trois rades, deux églises, deux ponts, un arrêt de bus, quelques magasins et le musée de la Fraternité d'armes. Un photographe et deux vétérinaires. Juste ce qu'il faut pour que l'espace humain garde sa continuité, et que l'étranger puisse avoir le sentiment qu'il va dans une direction familière, quand la géographie pure peine à percer sous la topographie”.


Moi j'ai trouve que c'est un peu juste, que ce n'est pas assez. Stasiuk ressasse ici des lieux, des chemins, des routes, des rues, des gens entrevus en passant, dont il ne rapporte pas les dires, les histoires. Juste quelques anecdotes sur ses grands-parents et les mesaventures d'un solitaire qui accumule des pieces de monnaie, doutant de la valeur du papier. Un amoncellement d'images, un verbiage qui ne conduit nulle part, qui ne m'a meme pas conduit a Dukla. Il m'a manque l'interet porte aux personnes, a leurs histoires, a leurs pensees, ce qui faisait le charme de Contes de Galicie, ou il avait reussi a portrayer une communaute et pas seulement un lieu.

Bien sur Stasiuk continue de dominer une belle prose. Par ci par la se detachent quelques paragraphes ou quelques pages sur des couleurs changeantes, sur des odeurs. Quelques souvenirs d'enfance: la cueillette d'ecrevisses, des oiseaux dechiquetant une biche morte, des cigognes gauches dans le fort vent d'Avril, des hirondelles qui meurent dans les tempetes de Septembre, la riviere qui se desseche en ete, et ce que j'ai prefere, les emois religieux de son grand-pere et la cohabitation de sa grand-mere avec les ames-fantomes d'ancetres disparus, un premier emoi amoureux. Mais cela ne m'a pas suffi. La plus grande partie du livre m'a semble d'un virtuosite vaine. Au peintre paysagiste de ce livre, a ses envolees lyriques sur la luminosite de certaines journees d'hiver, je prefere de loin l'homme qui allait a la rencontre de ses semblables, qui les ecoutait. J'avais aime ses portraits, j'aime moins ses natures mortes.

Si cela se peut, je ferai l'impasse, dans ma memoire, sur Dukla, pour mieux y garder les Contes de Galicie. Jusqu'au prochain livre de Stasiuk que je lirai.
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