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Critique de vibrelivre


La Coupe d'Or Cup of Gold
John Steinbeck (1902-1968, prix Nobel en 1962)
Gallimard, roman, 1952
traduction de l'anglais par Jacques Papy, 251p


Je gardais un souvenir ébloui des Raisins de la Colère. J'ai trouvé ce livre-ci sur un rayon de la médiathèque. Curieuse après avoir lu la quatrième de couverture annonçant un Steinbeck inconnu, qui s'intéresse à l'histoire et à la mer, je l'emprunte.
La quatrième de couverture annonce aussi un roman passionnant. Personnellement j'ai eu du mal à entrer dans le roman, dont je retiendrai les formules drôles concernant des aspects de la vie.
C'est à la fois un roman d'aventures, d'initiation ou de construction, de méditation. C'est aussi un roman maladroit, le premier que Steinbeck a écrit. Il relate librement la vie du flibustier Henry Morgan.
Henry Morgan, dont le nom en gaélique signifie proche de la mer, a 15 ans. Une volonté tyrannique l'enjoint d'aller à l'étranger. Il fait part de ce désir impérieux à son père qui, lui, a manqué de courage jeune et comprend ce qui tenaille son fils. Il lui donne son accord à condition qu'il voie Merlin, le devin, avant son départ. Ce dernier le plaint tout en l'enviant : Tu es un petit garçon qui désire la lune afin d'y boire comme à une coupe d'or. C'est la première occurrence du titre du livre.
Son père lui donne une lettre de recommandation pour son frère en Jamaïque, un frère qui lui est totalement étranger de par son éloignement et sa façon de concevoir et de conduire sa vie.
Henry part, en laissant une petite amoureuse à qui il ne sait que dire, mais dont le souvenir, réel ou rêvé, sera à jamais dans son coeur. Il est retenu 4 ans dans une plantation où il apprend le comportement des esclaves, où son maître le considère comme son fils et l'instruit. Il apprend la stratégie, lit les auteurs antiques comme Thucydide, il réfléchit à comment s'y prendre pour assiéger des villes victorieusement. Puis il sillonne les mers, dirige des bateaux, commande des hommes. le voici terrible boucanier. Il a 30 ans quand il arrive chez son oncle et fait la connaissance de sa cousine Elisabeth. On est en 1670. Il y entend parler de Panama, la puissante ville espagnole, surnommée la Coupe d'Or. Panama, en langue indigène, signifie un lieu de pêche fructueuse, où Morgan perdra définitivement son âme d'enfant. Beaucoup de rumeurs circulent à son sujet. C'est une ville imprenable, immensément riche. S'il la prend, Morgan conquerra une gloire inouïe. Mais il souffre de solitude. Il demande son amitié à Coeur de Gris, un jeune homme qui plaît aux femmes et lui parle de la Santa Roja, une créature fascinante qui auréole Panama. Morgan s'éprend à ces paroles de cette femme, violant ainsi le rêve de Coeur de Gris. Comment ce dernier va-t-il se conduire avec Morgan? Car la route est longue jusqu'à Panama, les pirates ont soif, ont faim, sont fatigués. Et Morgan n'est plus le même, qui se demande quand il va devenir un homme.
Durant cette épopée déjà légendaire, deux événements ridicules surviennent : la mort de l'oncle de Morgan, si soucieux des apparences, qui s'éteint en poussant un soupir, et donc il faut caser Elisabeth ; la parade impeccable des cavaliers panaméens qui, tout absorbés par leurs manoeuvres d'apparat, s'enlisent dans un marécage qu'ils savent pourtant être là, et le gouverneur veule qui fait dire une messe au lieu de vérifier l'état des remparts. Les taureaux qu'on lâche sur les pirates, paniqués, font demi-tour et massacrent quelques Espagnols. Les gens sauvent par ordre de priorité leurs biens, leur vie, leur âme ; les femmes se livrent aux plus chanceux. Si bien que Panama est prise et incendiée.
Mais la Sainte Rouge refuse les offres de Morgan qui ne sait pas vraiment ce qu'il veut et désemparé, tue d'abord sans autre raison que l'orgueil un boucanier épileptique à qui Coeur de Gris lui avait dit qu'il lui ressemblait, et il se sentait avili par la remarque et la ressemblance, puis Coeur de Gris alors qu'il l'aime véritablement. Il rend la Sainte Rouge à son mari, moyennant rançon, Il apprend que cette rançon n'est rien comparativement à la fortune de cette femme, mais l'esprit de conquête et la poursuite d'un rêve dont il ne dessine plus les contours ont déserté Morgan, qui quitte cependant ses hommes pour jouir seul de la fortune amassée.
Il épouse Elisabeth, devient un valet de l'Angleterre, et meurt, las de mener une vie sans intérêt, et somme toute ridicule.
J'ai relevé quelques phrases qui font le sel de ce roman :
Le vin, quand un homme le boit, est plus profitable aux femmes que toutes les pâtes et crèmes de beauté françaises, car il les fait paraître charmantes.
Peut-être la plus grande joie de la vie consiste à la risquer.
Elle [Elisabeth]serait si contente de savoir que j'entrerais en paradis avec une bonne réserve de linge propre.
Confortablement/lamentablement humain
Il [Henry] sera un grand homme parce qu'il n'est pas intelligent
Tout le fait un bon mari si l'on sait s'y prendre

le roman n'est pas inintéressant, qui parle d'un désir d'enfant qui ne se concrétise pas, peut-être faute d'intelligence, mais il lui manque quelque chose, bien qu'il soit un roman ambitieux et prometteur.

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