Blösch, titre original de
la Vache, a été publié en 1983 et a rencontré, à l'époque de sa sortie, un immense succès.
Beat Sterchi, auteur suisse né en 1949, qui ne faisait pas du tout partie du milieu littéraire, a vu son roman salué par la critique et recevoir plusieurs prix. Pourtant, il a mal vécu ce succès, percevant dans les louanges qui lui étaient faites sur son style une manière de voiler le contenu du livre :
« On parlait de la véhémence de ma langue pour taire la véhémence de ce dont je parlais. » Interview de
Beat Sterchi par Daniel Rothenbülher pour Viceversa
Les éditions suisses Zoé ont réédité ce texte qui avait connu une première traduction française en 1987. Ce qui frappe d'abord, c'est le caractère visionnaire de ce roman qui reparaît aujourd'hui, à un moment où l'on s'interroge davantage sur l'élevage industriel et ce qui se passe d'inhumaindans les abattoirs.
Beat Sterchi avait déjà senti comment le productivisme et le progrès allaient nuire à l'élevage et au bien-être animal. Ainsi, l'un de ses personnages s'exclame :
« le progrès. Tu parles. le progrès ! La marche vers la mort ! »
Il serait donc impossible au lecteur mal intentionné (et très carnivore ?) de critiquer ce livre en criant au prosélytisme végan, à l'égoïsme végétarien, car ce n'est pas du tout le sujet de
la Vache, et son écriture a pour contexte les années 80 où l'on n'avait pas encore entamé vraiment les réflexions actuelles sur l'industrialisation de l'élevage. de plus, on peut accorder un grand crédit à
Beat Sterchi, qui sait de quoi il parle, puisqu'il a lui-même travaillé dans les abattoirs et que son père était boucher.
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