C'est en partie pour combler un vague à l'âme causé par le départ de Fanny Osbourne vers les Etats-Unis, une femme mariée rencontrée depuis peu, que le jeune
Robert-Louis Stevenson se rend dans les Cévennes à l'automne 1878 : un territoire reculé alors méconnu où planent encore l'ombre des loups féroces (rappelez-vous la Bête du Gévaudan !), et qui fut le théâtre de conflits religieux sanglants.
Voilà le décor planté,
Robert-Louis cherche bientôt à connaitre le pays de manière plus intime. Il se fait l'acquéreur d'une ânesse, Modestine, qu'il harnache fébrilement pour partir explorer la profondeur de ces terres : c'est le début du
Voyage avec un âne dans les Cévennes.
C'est avec délice que l'on suit le récit de ses mésaventures narrées avec une pointe d'humour et d'auto-dérision dont on se délecte ! Malmené par son ânesse, il déambule sous le regard des paysans goguenards, mais il s'enchante vite de l'expérience de ces douze jours à marcher dans ces contrées qui échappent encore à la colonisation du chemin de fer : on mesure l'isolement des habitants et devine la beauté préservée du paysage.
Stevenson goûte aux nuits à la belle étoile, expérimente le dépouillement exigé par la randonnée, explore avec intérêt l'arrière-pays. Il s'intéresse aussi chemin faisant à l'histoire de la région en partageant les paroles confidentielles des habitants du coin. Mais en dehors des considérations historico-religieuses rapportées par l'illustre écrivain,
Voyage avec un âne dans les Cévennes constitue avant tout un monde d'emploi décrivant l'état d'esprit à arborer en randonnée : curiosité, sobriété, légèreté, tolérance et souplesse dans les plans !
Stevenson se révèle un des pionniers de la randonnée au sens touristique du terme, celle que l'on entreprend par plaisir et amour du grand air.
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