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Critique de Le_chien_critique


Le Malevil américain, en moins flamboyant.

Et si vous vous réveillez un matin seul ? Que feriez vous ?
Ish, lui, est un savant, "l'homme qui, un peu à l'écart, observait les événements et ne se perdait jamais en faisant lui-même des expériences." Il est le dernier de son espèce, et il va tenter de ressusciter l'humanité.
Dans les autres livres du même genre, la société revit somme tout assez facilement, malgré quelques événements pour dramatiser l'ensemble. Ici les gens se laissent aller à la facilité, ne prennent pas leur destin en main. On voit que tout cela n'est guère simple, d'autant avec des citadins habitués aux facilités de la vie moderne.
Les causes de la pandémie restent obscures, et le peu d'hypothèses données n'est clairement pas très scientifiques, mais reflètent bien les peurs d'une époque, entre la guerre froide, le développement des voyages internationaux. Mais là n'est pas le propos.

Le roman se découpe en différentes parties, plus ou moins séparées dans le temps, sur quelques générations. La première, celle de l'après catastrophe, est assez lente, reflétant l'état d'esprit du narrateur, entre isolement, tentative de découverte et envie de faire renaitre la civilisation.

Le livre fait son âge, et malgré la tentative de l'auteur de prôner le progrès dans les moeurs et normes sociales, difficile de dépasser les conventions de son époque, surtout lors d'une lecture 70 ans plus tard. Au final, les idiotes, les moins intellectuels restent les femmes, le savoir, comme chacun le sait étant la panacée du mâle ! Pas très heureux, mais à lire avec les yeux de l'époque pour comprendre que ce livre est en avance sur son temps, notamment sur le racisme.

Non, ce qui m'a le plus dérangé, c'est la légère condescendance, cette supériorité du narrateur, le savant, envers les autres métiers plus manuels. Lui seul sait qu'il ne faut pas vivre insouciant en pillant les ressources du passé, mais recréé une sorte de société nouvelle.

"Toi et moi, Joey, disait-il, nous sommes de la même race, nous pouvons comprendre ! Ezra, George et tous les autres, ce sont de braves gens. Ils appartiennent à l'humanité moyenne et le monde a besoin de beaucoup d'hommes comme eux, mais il leur manque l'étincelle. C'est à nous à fournir l'étincelle ! "

Par contre, j'ai beaucoup aimé l'approche de l'auteur, pas d"effets pyrotechniques, nous sommes plus dans l'introspection. En outre, il aborde un point souvent laissé de côté dans les oeuvres similaires que j'ai lus : comment affronter le traumatisme et continuer à avancer. La question du recommencement ou du commencement est au coeur du récit.
Un roman très nuancé, l'auteur aimant souffler le chaud et le froid. Il nous laisse croire à des préjugés et prend leur exact opposé quelques chapitres plus loin
Cependant, le personnage principal est assez agaçant dans son rôle de savant qui sait mieux que les autres, mais n'est ce pas ce que l'auteur voulait ? le rythme a rendu aussi ma lecture pénible.

Des défauts certes, mais un texte riche, beaucoup plus profond qu'il ne laisse entrevoir. A découvrir .

Publié pour la première fois en France en 1951 sous le titre le Pont sur l'abîme, puis dans les années 1980 dans la collection Ailleurs et demain, les éditions Fage ont sorti de l'oubli ce texte l'année dernière.
Le titre évoque un passage de l'ecclésiaste :

"Une génération s'en va et une génération vient, mais la terre demeure toujours"

Lu dans sa version Ailleurs et demain, le roman est préfacé par un John Brunner très enthousiaste.Un petit essai clôture le tout : Après les cendres, quel phénix ? Un aspect des recommencements post-catastrophiques par Rémi Maure, à lire pour les fans de post apo, car il comporte de nombreuses références sur ce genre, certes ancienne, mais c'est qui en fait tout l'attrait.
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