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Critique de klakmuf


Tout aussi volumineux et complet que le premier, ce second volume (36,3 sur 26,3 cm pour 2 kg) vaut son pesant de merveilles orientales ! Il nous embarque cette fois-ci en Orient, entre Iran et Inde, en passant par les territoires turcophones de Turkménistan et d'Ouzbékistan, ces pays d'Asie Centrale autrefois connus sous les noms de Khwarezm et Transoxiane.

L'art figuratif sous forme de miniatures est plus présent cette fois-ci, au travers des magnifiques représentations picturales timourides (l'anthologie d'Iskandar), persanes (Shah Name) ou mogholes (Babour Name). Ces oeuvres nous rappellent l'influence de la Chine chez ces peuples conquérants d'origine turco-mongole qui maîtrisaient les étapes de la Route de la soie.

Mais comme dans le premier volume, c'est surtout l'architecture qui est à l'honneur, avec des présentations des plus belles mosquées, madrasas et mausolées. Les influences iraniennes, caractérisées par les iwâns et les pishtaks, constituent le trait commun de l'art islamique en Orient. Les iwâns des mosquées ou madrasas sont des espaces voûtés, à arc brisé, dans un ensemble carré ou rectangulaire. Ouverts en façade, ils donnent sur une place ou sur la cour centrale de l'édifice. le pishtak est un grand portail d'entrée en forme d'iwan. Les quatre minarets d'angles, fréquents chez les architectes timourides, se retrouveront chez les Moghols, par exemple au mausolée d'Akbar, à Sikandra.

La brique domine dans l'aire géographique iranienne, tandis que le grès rouge et le marbre blanc prévalent dans l'Art Moghol en Inde. Dans le style Moghol, le savoir-faire irano-timouride des premiers architectes persans laissera peu à peu la place aux orientations hindoues, à partir d'Akbar le Grand et de ses successeurs Jahangir et Shah Jahan, le promoteur du célébrissime Taj Mahal d'Agra. En Inde, cet art islamique se caractérise par la technique du jali (des murs de pierre ciselée à claire-voie), l'adoption des chhatris (kiosques ou pavillons surplombant les murs d'enceintes) et la magnificence des jardins, qui représentent ici-bas le monde paradisiaque décrit dans les sourates du Coran. Au passage, le livre écorne le mythe tenace et romantique de l'attribution du Taj Mahl à l'impératrice Mumtaz Mahall, morte en couches. Une si belle fable cadre mal en effet avec la mentalité des souverains musulmans et, en particulier, avec l'autorité de Shah Jahan. Par son échelle majestueuse, sa splendeur et son ampleur, le mausolée était bien dédié au Grand Moghol lui-même. Mais il s'est trouvé que son épouse l'a précédé dans cette ultime demeure, contribuant à cette touchante légende entretenue par les premiers voyageurs…

Avec des chefs d'oeuvre comme la madrasa d'Ulugh Beg à Samarcande (dynastie des Timourides, 15e s.), la mosquée de l'Imam (Shah Abbas, dynastie des Safavides, 17e s.) ou la madrasa Moder- É Shah (début 18e) à Ispahan, ou encore le mausolée d'Houmayoun à Delhi (16e s.) - mais il y en a bien d'autres -, le livre compose ainsi un défilé de splendeurs de coupoles turquoises à profil outrepassé, de décorations foisonnantes aux teintes bleues-verts et de stalactites et alvéoles étourdissantes, toutes plus enchanteresses les unes que les autres !
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