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Critique de Bartzella


Jackson, Mississippi. Début des années 1960.
On vit à une époque où il est fréquent pour les familles aisées blanches des États-Unis d'employer des bonnes de couleur, surtout noires. Dans cette histoire, les épouses pour qui les bonnes travaillent sont à domicile à temps plein et n'ont pas grand-chose d'autre à s'occuper que de leur petite personne. Tandis que celles-ci se soucient davantage du bien paraître que d'être de bonnes personnes, tandis qu'elles papotent, calomnient, reçoivent à dîner, boivent, mangent, fument et jouent au bridge entre amies; les bonnes cuisinent, font le ménage, la lessive, le repassage, frottent l'argenterie et mille autres choses et élèvent leurs enfants, carrément !

"Elle préfère rester ici avec la bonne plutôt que regarder sa maman qui s'occupe de tout sauf de sa fille. Elle me fait penser à ces poussins qui perdent leur mère et suivent les canards."

Elles ne sont pas si bien payées pour tout le travail qu'elles accomplissent et, surtout, on ne ressent aucune appréciation des familles qui les emploient, sauf de la part des petits enfants blancs, qui adorent les bonnes. Sans parler de l'interdiction d'utiliser les même toilettes que les propriétaires puisque "tout le monde sait qu'être noir veut dire être sale et plein de maladies" ! Effarant.

"J'ai envie de crier assez fort (...), de crier que sale, c'est pas une couleur, que les maladies, c'est pas les Noirs."

Ce roman se partage entre trois personnages principaux: Aibileen (la bonne de Miss Elizabeth Leefolt), Minny (la bonne très caractérielle mais hilarante - pour nous ! - de Miss Hilly), et Eugenia "Skeeter" Phelan (l'écrivain), jeune fille différente de la plupart des autres blanches de son époque, qui, dans l'espoir que, peut-être, un jour les choses changeront, aura l'idée géniale d'écrire un livre sur un sujet jamais abordé auparavant, soit "le travail des bonnes noires au service de familles blanches américaines". Avec beaucoup de mal au début, les bonnes ne lui faisant pas confiance et ayant peur de se faire prendre (et pendre pour avoir parlé !), les langues finiront par se délier. Elles raconteront à Skeeter comment ça se passe au sein de ces familles. En changeant le nom de la ville et les noms de tout le monde impliqué, elles témoigneront des bons comme des mauvais côtés. Une histoire des plus palpitantes qui fait beaucoup rire malgré le côté tragique, parfois. On sent que tout ce qui y est dit aurait pu se passer pour de vrai quelque part dans le temps.

"La vérité. Ce mot-là, ça me rafraîchit, comme de l'eau qui coulerait sur mon corps tout collant de sueur. Qui refroidirait la chaleur qui m'a brûlée toute ma vie."

Un roman qui fait réfléchir et qui choque. C'est épouvantable de constater à quel point ces personnes pouvaient être si mal perçues juste à cause de la couleur de leur peau. Toutes les injustices vécues. Un constat qui restera à jamais incompréhensible. Ce qui est plaisant toutefois, c'est que tous les personnages ne sont pas mauvais ou désagréables, même parmi les riches familles (comme celle de Miss Celia, pour qui Minny ira aussi travailler par la suite). Plusieurs comportements différents y sont visibles: il y a de ceux qui sont carrément hostiles et impossibles à raisonner, tellement empêtrés dans leurs préjugés et leurs idées fermées qu'ils ne voient rien; d'autres sont plus neutres, ne disent rien et ne laissent pas voir ce qu'ils pensent, ils ne font que suivre le courant, c'est à se demander s'ils ont une réflexion sur le sujet; et d'autres encore, moins nombreux, s'opposent de vive voix aux injustices portées envers les noirs. La gentille Skeeter fait partie de ces derniers. Toutes ces opinions qui s'affrontent finiront pas causer des dégâts. Il faut vraiment voir comment ça se passe...

L'histoire est bien écrite, bien tranchée entre chaque protagoniste, ça se lit d'une traite et on s'attache beaucoup aux personnages. On y croit et ça marche ! Merci beaucoup à Aemilia de m'avoir pioché ce titre pour le mois de février, une véritable perle qu'il me tardait de lire après avoir vu l'excellent film l'année dernière ! le roman et le film sont tous deux excellents.

"La couleur des sentiments". Un roman tout à fait savoureux qui déclenche une palette d'émotions, alternant entre indignation et rire, un roman sympathique et vivant qu'il fait juste bon de lire. Un roman qui dépeint une époque où bon nombre de ces situations se sont probablement (et malheureusement !) produites...et qui pourtant, ne sombre pas dans le négatif. Ça respire l'espoir par tous les pores, c'est une histoire qu'il faut avoir lue au moins une fois dans sa vie ! Une expérience de lecture si agréable que je ne peux faire autrement que l'emmèner sur mon île déserte !

PIOCHE DANS MA PAL - FÉVRIER 2022
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