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Critique de ileana


le narrateur est universitaire, il enseigne l'histoire de l'art. Il nous livre son récit d'apprentissage sous la dictature en Roumanie, dans les années 50 et 60. Malgré la gravité de quelques épisodes, (prisonniers politiques, absence d'Etat de droit), l'auteur a choisi une certaine légèreté. Es-ce la posture résiliente, comme le suggère la quatrième de couverture ? Es-ce la perspective de l'enfant de l'époque, qui a connu une enfance protégée ? Cependant, cette légèreté n'est pas l'insouciance.

La première partie est une chronique familiale aux tenus nuances satiriques; la deuxième partie évoque la naissance d'une vocation : l'éveil au monde de l'art. Dans cette deuxième moitié le récit gagne en cohérence. Voilà de charmants morceaux autobiographiques sur fond d'insurrection de Budapest et printemps de Prague.

En finissant le bouquin, je reviens en page 63 pour un de mes passages préférés, la pétition datant de 1954 que l'oncle Octave adresse au camarade Ministre de l'Instruction publique. Malgré des études brillantes, Octave avait été mis au placard ; il réclame une réhabilitation, mais aussi une ampoule électrique de 40 watt dans la salle de cours, en remplacement de celle de 25 watt.
« Pendant mes études dans la capitale française, j'ai fréquenté seulement des cercles progressistes, et je me suis tenu à l'écart de toute influence de la pensée idéaliste et petite- bourgeoise [ ]. Il est vrai que ma thèse portait sur des auteurs pré-marxistes [Aristote et Hegel], mais j'ai essayé de soumettre leur pensée à une dure critique, depuis les positions du matérialisme dialectique. []
Je vous prie par la présente, camarade Ministre, de bien vouloir étudier la possibilité de m'attribuer à nouveau le cours de littérature roumaine moderne et de doter une de salles de la rue Pitar-Mos d'une ampoule de 40 watts, ce qui me permettrait d'illustrer ce cours avec les citations adéquates de nos grands classiques, au bénéfice de nos étudiants roumains et coréens. »

Autres extraits :

« Avec nos dents en métal, nous mordons le quinquennal, étaient les vers d'un célèbre poème que tout pionnier de la RPR, fier de sa cravate rouge, devait connaître par coeur. »

« C'était en 1968. Partout en Europe, les étudiants bougeaient. Les nôtres aussi, mais au ralenti. Comme d'habitude, on attendait que les grands changements viennent d'ailleurs. Cet « ailleurs », pour nous, c'était Prague. »

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