Citations sur La Sage-femme d'Auschwitz (32)
Sa cheville lui faisait mal, mais ce n’était rien en comparaison de son cœur, qui hurlait de douleur pour les pauvres gens enfermés là, à la merci de cette bande de monstres.
Le monde semblait danser une ronde de joie autour d'eux en même temps qu'un son puissant retentissait à ses oreilles, comme si Dieu faisait soudain chanter tous les anges du ciel. Mais si tel était le cas, il avait choisi un bien étrange chœur, car le son prit bientôt des accents de hurlement sinistre, et ce n'est qu'en s'écartant de Filip qu'elle comprit qu'il s'agissait de la sirène signalant une alerte aérienne par les haut-parleurs disposés dans la rue.
Nous devons être sûrs de notre engagement, déclara Ana , en entrant dans la Résistance, nous risquons tous de perdre la vie .
Ou de perdre notre âme si nous n’y entrons pas, répondit Bartek.
— Ce qui a guidé notre raisonnement n’est pas « Combien allons-nous en perdre ? », mais « Combien allons-nous en sauver ? », poursuivit-il en forçant sa voix par-dessus la clameur désespérée. Je ne peux vous apporter aucun réconfort aujourd’hui. Je suis venu ici comme un voleur, pour vous enlever ce que vous avez de plus précieux. Je suis obligé de diriger cette terrible opération, en coupant des membres pour que le reste du corps puisse survivre. Je dois donc vous prendre vos enfants. Si je ne le fais pas, d’autres seront pris en plus. Il continua de plaider ainsi sa cause, essayant d’expliquer qu’il avait tout fait pour dissuader les nazis, sans que personne l’écoute. Tout ce que les gens entendaient désormais, et qui résonnait dans leur tête telle une sirène de l’enfer, c’était : « Donnez-moi vos enfants, donnez-moi vos enfants, donnez-moi vos enfants. »
Les seuls bruits qu’on entendait désormais étaient ceux des machines à coudre ou à embosser le cuir et des métiers à tisser, cependant que le ghetto travaillait pour vivre une vie qui n’avait plus grand intérêt pour personne. À quoi bon vivre sans une génération pour montrer le chemin, et une autre pour prendre la relève ? À quoi bon travailler encore, s’il s’agissait uniquement de prolonger de quelques jours cette existence misérable ?
« Ecrire sur l’Holocauste est un honneur qui implique un grand sentiment de responsabilité envers la vérité des faits. Ce roman a beau être une fiction, j’ai fait en sorte que les détails qu’il contient soient aussi proches que possible de la réalité, afin de représenter fidèlement les terribles souffrances endurées par ceux qui, comme les personnages, ont été internés dans les ghettos et dans les camps du régime nazi. »
Anna Stuart
Elles avaient raconté qu’elles dormaient sur des planches de bois, parfois à quinze dans une seule couchette. Elles avaient décrit la faim, le froid pénétrant, l’humiliation des appels incessants, la brutalité des gardes et, bien sûr, l’horreur des immenses chambres à gaz qui recrachaient sur elles de la fumée d’humains, jour et nuit, telle une malédiction sans fin. Et les gens avaient écouté et s’étaient émus de tout cela, avec sincérité, mais ils ne pouvaient pas réellement comprendre. Ce qui était peut-être mieux. Mais cela faisait tout de même mal.
La pauvre Pologne avait plié sous le joug de l’oppresseur mais ne s’était pas brisée.
La mort planait au-dessus du camp sous forme de nuages bien réels, souillant l’air même qu’ils respiraient d’une odeur infâme qui n’avait de cesse d’écœurer Ester.
Trop éprouvée, elle ne savait plus très bien si Dieu veillait encore sur eux à Birkenau ; elle avait cependant la conviction que, si tel était le cas, il devait être en larmes, lui aussi.