Mungo a 16 ans, vit dans une famille bancale à Glasgow et on se demande comment il peut être autant un « puit de bonté » avec toutes ses fêlures. Il a une mère, « Mo-Maw » qui apparaît et disparaît aux grès de ses amourettes sans songer à laisser des denrées alimentaires pour ses trois enfants dans le placard.
Son grand frère Hamish, le Grand Ha-Ha est le chef de gang des Billy Boys : la violence comme mantra, l'humiliation comme moteur et la volonté exacerbée de mettre à mort les catholiques Fenian.
Il y a heureusement cette soeur Jodie qui est là pour lui, pour l'épauler et le soutenir. Mais elle n'empêchera pas toutes les bourrasques et les violences qui s'abattent sur
Mungo.
Parce-que de violence il est question dans ce livre, la violence physique qui casse un membre ou un nez, la violence morale d'être rabaissé pour n'avoir jamais flirté avec une fille faisant de
Mungo tout sauf un homme. La violence des rues de Glasgow, ville grise et morne où le soleil semble avoir du mal à percer pour réchauffer les coeurs.
Deux temporalités sont présentes dans
Mungo : celle avant que
Mungo soit envoyé en week-end avec deux alcooliques, Saint-Christopher et l'hargneux Gallowgate, pour faire de lui un homme et celle après. C'est dans une forêt étourdissante en lisière d'un loch qu'il sera confronté à l'âpreté de la vie.
Dans toute cette violence qui provoque des tics nerveux au visage de
Mungo, il y a, derrière les immeubles, un endroit calme, avec une verdure apaisante et un colombier. Lieu d'une rencontre pour
Mungo, lieu d'un espoir, à l'abri des regards.
L'écriture de
Douglas Stuart est dense, riche, il ne nous épargne aucunement. le contexte politique donne une dimension historique avec la fin de
Thatcher sur la scène politique, et apporte une réalité palpable. C'est un livre formidablement dur et paradoxalement somptueux par sa prose, qui nous éblouit par sa beauté autant qu'il nous étouffe par violence.