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Critique de Chantalame


Conseillée par un ami, fervent adepte de Jean Sulivan, je commence la découverte de cet auteur par Devance tout adieu. Quel choc cette rencontre avec Jean Sulivan ! J'ai aimé la sensibilité de cet homme-prêtre-écrivain-poète, son authenticité, ses blessures, son refus de la mollesse cléricale, sa foi à l'état pur, sa quête de la Vérité. Je me suis retrouvée dans la proximité et la pudeur de la relation de ce fils avec sa mère, et, lorsque l'âge venant, dans la crainte que chaque au-revoir devienne un adieu.
Ce récit est magnifiquement écrit, il vous saisit de bout en bout. Il aborde tous les thèmes qui traversent une vie et les inévitables questions face à la mort.

Chaque dimanche, Jean Sulivan retourne au village retrouver sa mère vieillissante, son enfance aussi. L'enfance est si prégnante et déterminante. Pour Jean Sulivan, ce fut une enfance de petit paysan aux côtés d'une mère pleine de bon sens, acceptant le destin sans apitoiement, vivant la foi chevillée au corps, sans faille, ne remettant jamais en cause les certitudes ni les rites. ”Une mère, longtemps, c'est comme l'air qu'on respire, la pierre sur laquelle on s'appuie, l'ombre d'un arbre.”

Les rencontres du dimanche sont pour Jean Sulivan l'occasion de traverser le miroir des souvenirs et de revisiter sa vie. Une vie de prêtre atypique et d'écrivain. Un prêtre ayant du mal à se situer devant la contradiction entre annoncer l'évangile et faire carrière dans l'Église. L'écriture sera pour lui salvatrice. ” Je me mis à écrire pour cerner cette vérité qui était mienne, qui n'était pas seulement mienne”… ”J'écrivais pour me trouver moi-même, trouver Dieu déjà trouvé, jamais trouvé, retrouver un chemin perdu.”

Et vint le jour où il n'y eut plus de rencontre du dimanche, où le fils-prêtre-écrivain est confronté à la réalité d'une mère hospitalisée, déclinant jusqu'à l'ultime passage. Les pages sont poignantes d'humanité, de questionnements sans fuite ni retranchement. ”J'avais toutes les réponses là, dans ma tête, toute la philosophie, toutes les certitudes de la foi mais les larmes coulaient de mes yeux qui disaient : Pourquoi nous as-Tu faits mortels ? Les idées étaient intactes mais cette nuit-là les idées ne me servaient à rien.”

Il est des amis sur votre route qui vous guident vers des lectures qui vous marquent. Peut-être le serai-je pour vous, si mes quelques mots vous ont donné envie d'ouvrir Devance tout adieu, que je comprends comme devant ce tout à Dieu.
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