AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Anjali84


En 1993, Cuba subit de plein fouet la chute du grand frère soviétique et la crise économique qui s'est ensuivie. le pays est au plus fort de la "période spéciale", notamment à la Havane. Ses habitants manquent de tout, les projets personnels ne peuvent plus exister, les transports ne fonctionnent plus qu'au ralenti et les coupures d'électricité sont quotidiennes.

Dans ce contexte, Julia, enseignante en mathématiques, navigue entre trois hommes, trois histoires sentimentales différentes : Euclidès, son ancien amant, un professeur retraité, Angél, son nouvel amour, un homme torturé par le souvenir de son ex-femme et Leonardo, un romancier passionné par sa future oeuvre mêlant fiction et réel. Autour d'eux gravite aussi Barbara, une journaliste italienne.
Tous ces personnages sont liés par une interrogation commune : et si le téléphone avait été inventé à Cuba ? Question originale dans un pays où les télécommunications sont revenues à un stade préhistorique. En effet tous recherchent le manuscrit d'un certain Meucci, inventeur italien établi dans l'île au XIXè siècle, dont l'invention aurait été spoliée par Bell. Tous sont liés d'une façon ou d'une autre à cette histoire et ont un intérêt à mettre la main sur sa preuve écrite.
Mais surtout tous mentent en permanence (le titre original est d'ailleurs Ellos mienten), pour se préserver ou pour embellir un quotidien trop terne.
Impossible d'en dire plus sous peine de dévoiler les rebondissements d'un roman construit comme une équation mathématique aux inconnues multiples. Julia elle-même, la narratrice, est tour à tour manipulatrice et manipulée, proie et prédatrice au milieu des hommes parmi lesquels elle doit lutter.

La lecture demande une attention continue car le rythme du roman est haletant et les retournements de situation continuels, ce qui offre une saisissante opposition avec la peinture d'un pays éreinté, presque à l'arrêt où le moindre contact et le moindre déplacement tiennent lieu d'exploits.
La Havane année zéro offre en outre une évocation intéressante de l'histoire et de la mentalité cubaines des années 90. Sont évoquées les difficultés et la vie quotidiennes, comme l'appartement possédé par Angél dans le quartier du Vedado (luxe) où il vit seul (luxe suprême) ou les périples de Julia entre sa banlieue d'Alamar et le centre ville, mais aussi des données sociales plus générales : la chasse au touriste, la fuite désespérée des balseros, la déqualification des emplois. Les personnages, tour à tour lâches et courageux, fiers et prêts à tout pour sortir de leurs problèmes, dressent un portrait polymorphe du peuple cubain.
Lien : http://los-demas.blogspot.fr..
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}