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Critique de Lilinea


"La saison des disparus" me laisse une impression douce-amère. La première moitié de l'ouvrage m'a enthousiasmé : j'ai beaucoup aimé cette plume espiègle, le ton plein d'humour de l'auteur, ainsi que l'atmosphère de la Season en plein Londres Victorien. Si des références à Jane Austen sont clairement faites, les évènements du roman se situent ici un peu plus de soixante ans après le décès de l'autrice.

Eleanor et Eliza Morwood, deux jeunes demoiselles de la petite bourgeoisie, se rendent à Londres pour leur toute première Saison : à elles les bals, les réceptions, les tea parties et les beaux prétendants. Toutefois, une série de disparitions ayant lieu un peu partout dans le monde ternit ce tableau idyllique. de jeunes enfants semblent kidnappés à divers coins du globe... et si l'Angleterre était la prochaine étape ?

Je dirais que la partie "enquête" m'a moins séduite que la mise en place de l'ambiance saisonnière et l'introduction des personnages. Déjà, tout simplement, parce que "enquête" n'est pas le terme correct à employer ici. Dès la moitié du récit, il est assez évident de deviner qui est l'antagoniste et quel est son motif. le personnage en question est loufoque, vient de Transylvanie, est un comte fortuné... de Jane Austen, nous voilà maintenant en tête à tête avec Bram Stoker. Cela manque peut-être, à mon goût, d'un poil de subtilité.
Je ne suis également pas satisfaite de ce final, car je n'ai malheureusement pas saisi son intérêt. Peut-être l'auteur a-t-il prévu un second tome, ce qui expliquerait cet aspect "confus", mais très clairement si je devais décrire mon impression de fin, je dirais : "Tout ça pour ça ?"


Enfin, le dernier point m'ayant assez agacé est Eliza. Il est très clair que même si le résumé et le début de l'ouvrage nous fait suivre les deux soeurs, la benjamine est la véritable "héroïne" du récit. Là où Eléanor est pragmatique et réservée, ne souhaitant qu'une vie paisible avec un mariage heureux et des leçons de piano, Eliza quant à elle est un "esprit libre", un poil effrontée, nullement intéressée par la vie de famille et la gestion de maison. C'est la classique protagoniste "belle et rebelle", refusant les règles qu'on lui dicte. Et si ce type de personnage est intéressant, car il permet à un public assez jeune de se former et se questionner, je vous avoue avoir pas mal soupiré à de nombreux moments. Beaucoup de romans confondent "indocile" et "inconséquent". Ainsi, l'héroïne indisciplinée et forte enchaîne en réalité les bourdes, en faisant payer aux autres le fruit de ses erreurs. Elle est mise en opposition à sa soeur, si peu soucieuse d'aider les pauvres disparus, alors qu'elle même ne souhaite les délivrer que pour se faire acclamer et être reconnue (ce qui est tout autant une forme d'égoïsme). J'ai ricané à plusieurs reprises sur le discours égalitaire du roman : si je suis plus que d'accord sur le fond, la forme est quand même très ironique. le roman nous décrit l'abus de pouvoir des plus riches sur les plus pauvres d'entre nous ; c'est une situation qui révolte Eliza ainsi que son ami Victor, qui est socialiste. le message aurait pu être percutant, si seulement la moindre action de Victor et Eliza avaient été possibles sans qu'ils ne dépendent désespérément de l'argent et des ressources du fils de noble de la compagnie. Les chevaux, les auberges, les moyens de rattraper l'antagoniste de l'intrigue ? C'est son porte-monnaie. La solution de fin dépannant Eliza d'un rôle qu'elle était censée assumer ? C'est SON porte-monnaie. Un peu facile du coup, et surtout un message de valeur qui ne colle pas avec les actions des personnages.

Je dirais donc que "La saison des disparus" a une belle ambition, qui toutefois ne m'a pas convaincu. L'ouvrage aborde plein de thématiques intéressantes (la place de la femme dans la société, les injustices sociales etc), mais les maîtrisent maladroitement et paradoxalement à mon goût. Même si le roman est destiné à un public assez jeune, je trouve que ce sont des aspects qui auraient mérités d'être davantage détaillés et affinés, car la bonne idée de départ a sonné pour moi assez creux.


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