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Critique de Sachenka


Europa Minor est le quatrième volet de la monumentale oeuvre qu'est le Bréviaire de Saint-Orphée. La série en compte davantage mais les tomes suivants n'ont pas encore été traduits en français. Jusqu'à maintenant, j'avais suivi Miklos Szentkuthy dans son délire intellectuel mais je dois admettre que, cette fois-ci, mon enthousiasme laissait à désirer. Je n'ai pas vraiment eu envie de décrocher, ni osé, il faut dire que cette réécriture de l'histoire que propose l'auteur est fascinante même elle va dans toutes les directions, géographiques et temporelles. C'est que Szentkuthy est un grand érudit, un type d'homme dont il ne s'en fait plus.

Conséquemment, son Bréviaire est une oeuvre à part, exceptionnelle. Peu accessible par la même occasion. Mais je ne peux qu'encourager une pareille aventure, un exercice intellectuel et littéraire de haut niveau. Surtout quand, à côté de cela, tellement de bouquins ordinaires attirent l'attention d'un public facile à satisfaire.

Pour revenir à Europa Minor, la narration nous promène de l'Espagne à l'Angleterre, quelque part au milieu de la Renaissance. Élisabeth de France, épouse de Philippe II d'Espagne flirte avec le mysticisme mais ce n'était que pour nous mettre en appétit. Une autre Élisabeth, reine d'Angleterre, écrit une longue lettre, dédaignant poliment une demande en mariage du même Philippe II, veuf. Ses mots sont inspirés par des écrits orientaux. C'est que Francis Drake a beaucoup voyagé et a ramené des bouquins, entre autres le Dit de Genji et des contes persans. Et c'est précisément en Orient que l'intérêt de Szentkuthy réside. À travers la reconstitution de différents récits inventés, il fait revivre une mystique étrangère remontant jusqu'au Moyen-Âge.

Miklos Szentkuthy se promène entre toutes ces époques, ces pays, ces genres littéraires. C'est que le narrateur tisse des liens (que lui seul maitrise) entre le présent, le passé et un au-delà imaginaire. Et aussi de retoucher quelques uns des personnages historiques au passage, ne serait-ce qu'en leur attribuant des pensées et des envies qui satisfaissent sa soif intellectuelle. Après tout, c'est un tour de force que de rassembler dans un même paragraphe, dans une même phrase, des éléments aussi disparates que la Chine, la Réforme, les Évangiles, Rome, les Mayas et les Incas ainsi qu'Élisabeth. N'importe laquelle des deux.

Europa Minor est une odyssée en soi. Nous ne savons pas où ce voyage nous emmène ni ce qu'il nous rapporte (dans l'immédiat). On essait de suivre aveuglément Szentkuthy dans son joyeux délire et, avec un peu de chance, on en ressortira avec quelque chose, sans doute très loin de ce à quoi l'on s'attendait…
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